vendredi 30 novembre 2007

Pause Lecture




jeudi 29 novembre 2007

Géopolitique


Ce manuel à l'usage des militaires apporte un éclairage intéressant par rapport à des situations actuelles (nouvelle partition de l'Europe, régionalisation...) et historiques. Il nous livre des clefs pour mieux les comprendre ou les analyser.
L'auteur commence par définir la géopolitique et situer les centres de puissance mondiale. On pourra regretter de ce fait une présence anecdotique de l'Afrique noire et une vision très euro-méditerranéenne de l'évolution du Monde. On pourra également être gêné par la façon dont sont amenées certaines données (par exemple, les chiffres de l'avortement mis au milieu du chapitre sur le déclin de la démographie). Aymeric Chauprade aurait pu, à mon avis, modérer certaines affirmations sommaires et litigieuses.
Il est conscient que ses propos peuvent irriter et bousculer une vision trop schématique du Monde (disons scolaire). Il précise que la géopolitique est complexe et il nous livre un ensemble de données qui, ajoutées les unes aux autres, atténuent un discours qui peut sembler abrupt et déplaisant.
Il faut savoir que A.Chauprade donne une vision conflictuelle du Monde, basée sur les rapports de force. Une approche plus économique de l'histoire, plus orientée sur les échanges entre les peuples, aurait, je pense, été plus constructive. Reconnaissons que je suis réservé sur sa façon d'amener les choses...quelque chose d'imperceptible dans l'écriture... un peu comme le ton sur lequel on prononce une phrase dans la conversation; « on laisse entendre ». C'est insidieux, c'est malin. Je prendrais une tournure très normande pour expliquer le malaise ressenti à la lecture de plusieurs passages: alors que je considérais qu'A.Chauprade n'avait pas raison, je ne pouvais pas dire qu'il avait tort.
Ces remarques n'enlèvent rien à la qualité de ce livre qui est d'une grande érudition, intelligent et complexe. Sa lecture est facilitée par un découpage en courts paragraphes et malgré un prix élevé, il est dense et régulièrement remis à jour. Signalons également (c'est suffisamment rare) que l'auteur indique son adresse électronique pour dialoguer avec ses lecteurs.

-Monsieur-

de Aymeric Chauprade
éditions Ellipses
2007

mardi 27 novembre 2007

Le Capitaine Ecarlate


Le drapeau noir de la piraterie flotte au dessus de Paris. Ne fermez pas les yeux: vous êtes dans la réalité; celle d'un écrivain fantasque et malade qui vit reclus au milieu de ses livres.
Nulle biographie ne pouvait mieux raconter Marcel Schwob que cette bande dessinée. En mêlant la vie et l'œuvre de cet érudit passionné, David B. et Emmanuel Guibert rendent un hommage réussi et envoûtant à l'auteur du Roi au Masque d'Or (contes fantastiques), des Vies Imaginaires (qui nous interrogent sur le lien entre la réalité et la fiction) et de la Vie de Monelle.
David B. a écrit un scénario d'une grande finesse. Le découpage et les dialogues sont ciselés à merveille, concis et subtils. La multiplication des références et des idées qui hantent chacune de ces pages permet plusieurs niveaux de lecture. L'histoire réveille en nous de vieux souvenirs d'enfance, la nostalgie des peurs vespérales et des faits héroïques dont nous étions les créateurs.
Le dessin d'Emmanuel Guibert est aussi déroutant pour un esprit cartésien que cette épopée fantastique; le trait est précis, noir et épais, rappelant certaines affiches de la fin du XIXème. Le travail sur les couleurs (vaporeuses et feutrées) sert, quant à lui, avec justesse ce mélange de rêve et de réalité.
N'attendez plus pour vous embarquer au milieu de cet équipage sans pitié. Survolez les rues de la capitale à la recherche de frissons et de mauvais coups. Vous pourrez voir Marcel puiser dans ses lectures passées la force de secourir sa petite amoureuse. Vous apprendrez aussi... mais chut, je n'en dirai pas plus. Je vais me recoucher en écoutant le vent et la pluie qui claque sur les carreaux. Brrrr...

Ah si! Juste un petit site pour découvrir Marcel Schwob (http://www.marcel-schwob.org/). Ce n'est pas nécessaire à la lecture de cette BD mais cela apportera une saveur particulière lors de sa relecture. Cette fois, j'en ai fini. Je vous laisse.

-Monsieur-

de David B. (scenario) et Emmanuel Guibert (dessin)
éditions Dupuis
2000

Mary Tempête


Cette histoire vraie retrace la vie et l'oeuvre de Mary Read, femme pirate du 18e siècle.
Après la mort de son frère, Mary fut élevée comme un garçon pour tromper sa riche grand-mère, qui rêvait d'un héritier mâle pour son fils perdu en mer.
Mary se servira de cette doublure en grandissant pour mener sa vie telle qu'elle l'entend. Tout au long de ce récit palpitant, le désir de Mary de rejoindre la mer et d'être acceptée par les hommes du bord valsera avec le danger, la peur et la vaillance, la ruse et le courage. Ce texte, qui exhale des parfums d'embruns et de tavernes enfumées, est accessible aux enfants à partir de 10-11 ans. Il contient un glossaire de termes maritimes en fin d'ouvrage.
Très bien écrit, il passionnera autant les enfants que leurs parents.
Mise en appétit par le roman d'Alain Surget, je compte bien prolonger les aventures de Mary Read en pénétrant dans un autre texte sur l'aventurière, "Lady Pirate" de Mireille Calmel...
Je vous en donnerai des nouvelles!

-Madame-

d'Alain Surget
éditions Flammarion
2007

lundi 26 novembre 2007

Harry Potter et les Reliques de la Mort


Le boucan organisé par Gallimard, les différents éditeurs dans le monde et les attachés de presse de J.K. Rowling ne doit pas faire fuir les personnes qui ont du mal à supporter les grosses opérations commerciales des majors: Harry Potter est un véritable trésor de littérature qu'il serait dommage de réserver à la jeunesse.
Si vous ne l'avez pas déjà lu, ouvrez le livre, passez outre vos réticences, et plongez dans cet univers dense et complexe. Du premier au septième tome, l'histoire se pimente, elle augmente sa saveur et se clôt magistralement. Une belle réussite!

-Madame-

volume 1 à 7
De Joanne Kathleen Rowling
éditions Gallimard
1997 à 2007

Piratage

Concernant le rapport de Denis Olivennes, PDG de la Fnac, sur le piratage informatique, nous tenons à préciser deux, trois choses:
Ce rapport a été établi sans l'accord des sociétés de défense des consommateurs.
Il ne change rien en ce qui concerne les droits et la rémunération des auteurs. Ceux-ci ne gagneront jamais que des miettes!
Ce rapport ne prend pas en compte le fait qu'internet est un système mondial.
Cet accord envisage de mettre en place une juridiction parallèle, une "autorité" administrative pour surveiller, contrôler voire sanctionner les téléchargements (faits et gestes) des internautes.
Il existe déjà des mesures en ce qui concerne la copie privée (taxes diverses sur le matériel informatique...), protections informatiques (il n'a d'ailleurs été donné aucune certitude quant à leur convergence et leur suppression future). Toutes ces mesures n'ont jusqu'alors pas permis aux auteurs d'être mieux rémunérés, aux titres épuisés d'être à nouveau disponibles, aux ventes de repartir.
Les temps changent, les marchands s'arc-boutent sur la puissance de leur capital et leur vision d'un monde révolu. Ils n'ont que faire de la création et de la liberté.
Parce qu'ils défendent leurs intérêts particuliers au détriment de la liberté, parce qu'il y a beaucoup d'hypocrisie dans leurs discours et que leurs visions sont à court terme, parce qu'internet est un outil formidable d'accès à la culture (ce qu'aurait pu être la télé) , nous sommes défavorables aux conclusions de ce rapport.

-Madame et Monsieur-

vendredi 23 novembre 2007

Pause Lecture

jeudi 22 novembre 2007

Missy


Un dessin doux, tout en rondeur, nous introduit dans le monde de Missy, danseuse de charme.
Son corps aux formes plus que généreuses fait d'elle le clou d'un spectacle de cabaret.
Mais dès que le jour se lève, Missy n'est plus qu'une femme délaissée par ses amants de passage.
Malheureuse, la strip-teaseuse va tout faire pour sortir de ce cercle vicieux.
Pour atténuer la tristesse de ce drame, l'illustrateur épure son dessin, très lisible, en effaçant les cheveux et les traits des visages. Il laisse les corps exprimer les sentiments des différents protagonistes.
Sans la moindre vulgarité "Missy" nous fait passer un moment de grande sensualité, de douceur triste. Le livre refermé nous repartons vers notre quotidien avec le souvenir ancré de ces nuits étoilées trop souvent suivies de la solitude des jours.

-Madame-

de Benoît Rivière (texte), Hallain Paluku (illustrations) et Svart (couleurs)
éditions La Boîte à Bulles
2006"

Au sujet des tracts de Marc-Edouard Nabe (MEN)




J'ai décollé cette affiche dimanche 18 novembre 2007, vers 9 heures, rue de Javel (Paris XV). Le mur lépreux et la température proche de zéro rendaient la colle inefficace. Une heure plus tard, les quelques tracts qui restaient dans le quartier avaient été déchirés, lacérés, souillés.
Les pamphlets de Nabe ne laisseraient pas indifférent à moins que ce ne soit le polémiste en question qui les fassent saccager.
En effet, Nabe prétend être victime d'ostracisme, il se dit isolé, mis à l'index à cause de ses prises de position vindicatives. Pourtant, il continue d'être édité.
Nabe se joue des médias qui s'amusent avec lui. Il se dit censuré (ce qui est souvent vrai), manipulé. Pourtant, il connaît le système, le maîtrise.
De toutes ces situations, je n'arrive pas à déceler le vrai du faux, la part de l'ombre. C'est pourquoi je m'en tiendrai à quelques impressions sur cet auteur sans m'arrêter sur ses dessins ni sur l'importance du jazz dans sa vie.
Nabe se compare à Houellebecq mais il n'y a pas la place pour deux "âmes noires" sur le podium de la reconnaissance. Parmi les plus célèbres de nos sombres écrivains contemporains, Dantec s'est exilé, oiseau de mauvais augure, perché dans son nid d'aigle, il s'est placé "hors-jeu".
Nabe a choisi d'endosser le costume du perdant: maudit à l'extrême; refusé! Il défend son franc-parler, son jusqu'au boutisme. Régulièrement, on peut l'entendre (ce qui est étonnant) clamer son bannissement pour mieux faire rejaillir sa posture de génial incompris.
Une chose est sûre, Nabe fait partie de ces personnages que l'on tient à l'écart mais que, paradoxalement, l'on aime exhiber de temps à autre. Le "monde du Livre" ronronnant et bien-pensant (en apparence) s'agite impitoyablement autour des frasques de cet énergumène, s'en distrait comme du fou à la cour.
Cela ferait-il de Nabe une victime pathétique?
Oui, car il est victime de ses colères, de sa morgue et de son orgueil si démesurés qu'il en arrive à retourner ses derniers défenseurs.
Oui, car il est pathétique de n'avoir plus que sa férocité à placarder sur les murs (avec autant de chance d'être lu qu'une bouteille à la mer d'échouer au bon endroit).
Nabe est une figure littéraire indépendante et libre, anecdotique sûrement. C'est un homme prisonnier de son personnage. Il a joué un rôle jusqu'à se faire envahir, torturé par ses haines. Je le plains. Il était drôle et féroce. Il n'est plus drôle et n'a pas la vacherie talentueuse de Léautaud ni de Céline. Avec Nabe, on connaît la couleur, il n'y a pas de surprise.
Depuis plusieurs mois, il pose ses violentes diatribes dans les rues de la capitale. Il s'y empare de l'actualité (coup de tête de Zidane; le film Indigène...) et la prend à rebrousse-poils. Il va contre l'opinion générale; il s'oppose!
Il donne un point de vue qui serait défendable s'il ne s'emportait pas. Ses obsessions l'envahissent, l'empêchent de juger sereinement, d'analyser avec justesse... il aborde des sujets sensibles et polémiques (racisme, antisémitisme, islamisme...) avec des brulots stériles et verbeux. Même si l'on perçoit, derrière l'aigreur et la hargne, une sensibilité profonde, Nabe intellectualise trop (pour aimer). Il s'enflamme. Volubile, il dérape et ne sert pas son talent, ni les idées qu'il développe.
Il est en guerre (on le croirait blessé) et ne peut engendrer que la guerre.
On aimerait que quelqu'un dise à cet homme (une personne qui l'aime suffisamment pour s'en faire entendre) :" hé, arrête, calme-toi, tu déconnes."

-Monsieur-

marc.edouard.nabe.free.fr/
(pour se faire une idée du personnage et consulter les tracts)

mercredi 21 novembre 2007

Boucle d'Or et les Sept Ours Nains


Le phénomène est connu: le soir, avant de s'endormir, l'enfant au bord des rêves écoute les belles histoires que ses parents lui racontent. Lundi, mardi, mercredi...même le samedi! Le dimanche, jour de repos, tous les héros des contes entendus (les loups, les princesses, les géants, les ours et le prince charmant) se promènent dans la petite tête brune, blonde, rousse ou albinos. Ils se baladent et se rencontrent dans une routine séculaire un peu chamboulée par des souvenirs confus.
Ce mélange s'est opéré dans le cerveau d'Émile Bravo qui est un grand garçon facétieux. Il en ressort une toute petite bd, drôle et moderne, au ton résolument décalé que les papas et les mamans s'amuseront à raconter à leur petit bout de chou. Le temps viendra très vite où celui-ci sera assez indépendant pour la lire comme un grand et en comprendre toutes les astuces; Les papas et les mamans n'auront alors pas d'autres choix que de se glisser dans sa chambre en cachette pour relire "Boucle d'Or et les Sept Ours Nains".

-Monsieur-

de Émile Bravo
éditions du Seuil
2004

mardi 20 novembre 2007

De Cape et de Crocs





Ayroles au scénario et Masbou à l'illustration nous embarquent dans une passionnante chasse aux trésors, menée à fond de train par deux personnages hauts en couleurs, Don Lope De Villalobos Y Sangrin et Armand Reynal de Maupertuis.
L'un est loup, l'autre renard; ils s'entendent à merveille, s'entraînent, s'entraident et se soutiennent dans leur folle entreprise.
Les autres personnages de cette histoire ne sont pas tous dessinés sous des traits animaliers, loin de là, mais chacun présente un caractère bien (et très) particulier.
Reprenant les codes de la littérature de cape et d'épée et du théâtre classique, les auteurs font vivre aux deux compères mille péripéties en compagnie d'Eusèbe (petit lapin mignon aux origines et ressources mystérieuses) et du Raïs Kader (fameux capitaine corsaire) dans un univers aux allures de 17ème siècle fantasmagorique.
Les illustrations savoureuses de Masbou donnent une sacrée valeur au scénario d'Ayroles. L'expression des personnages, le raffinement du trait et les couleurs bien choisies rendent attrayante puis attachante cette BD à suivre (le volume 8 est sorti ce mois-ci).
"De cape et de crocs" est un festival de finesse et de drôlerie tant au niveau du langage que du dessin. Lisez-le, proposez-le à vos enfants ou vos neveux et nièces, reprenez-le et vous y trouverez mille nouveaux détails; la lecture ne vous en semblera que plus réjouissante et agréable!"

-Madame-

vol.1 à 8
de Ayroles (scénario) et Masbou (illustrations)
éditions Delcourt
2004 à 2007

lundi 19 novembre 2007

Adèle et la pacotilleuse



Adèle est la fille cadette de Victor Hugo. Peu de temps après la mort tragique de son aînée Léopoldine, Adèle part sans laisser de trace.
Raphaël Confiant a romancé cette disparition , lui a inventé une histoire d'amour transit et à sens unique avec Albert Pinson, officier de l'armée anglaise.
Perdue, à moitié folle, sans défense contre la méchanceté et la lubricité des gens qui la croisent, Adèle rencontre Céline Alvarez Bâa, pacotilleuse de son état. Cette dernière la prend sous son aile et va tout faire pour que son père la récupère, malgré les difficultés que posent les représentants des différentes classes sociales des îles Caraïbes.
Pendant ce temps, un détective, Henri de Montaigue, engagé par Victor Hugo, vient de Paris à la recherche de la jeune femme. Il découvre les Antilles avec son regard de jeune parisien...

Dans une langue riche, ensoleillée, mâtinée de créole, Raphaël Confiant nous amène à l'oeuvre de Victor Hugo (vraisemblablement créateur phare pour l'auteur) et expose la vie des Antillais au 19e siècle, qu'ils soient Nègres, Blancs créoles ou Blancs-France, pêcheurs, anciens esclaves, petits commerçants ou aristocrates des îles Caraïbes.

-Madame-

de Raphaël Confiant
éditions Folio Gallimard
2007

vendredi 16 novembre 2007

Pause Lecture

jeudi 15 novembre 2007

Mariage/wedding


Silence. Chef d'œuvre.
Voilà un ouvrage sérigraphié après lequel tout paraît fade. Chaque page ouverte offre un éblouissement visuel. Chaque dessin apporte un frisson d'effroi et de plaisir mêlés. Ce livre est un choc oculaire et olfactif. L'odeur de l'encre envahit le cerveau et participe à cet état de trouble qui nous accompagne dans le monde de Ichiba Daisuke. Son univers sied parfaitement aux éditions du Dernier Cri (violent, sexué, exacerbé).
L'élégance bancale et raffinée du dessin, le noir et blanc impeccable, sont mis en valeur par le format géant de l'ouvrage: on entre physiquement dans l'image. Au delà même du côté "bord cadre" des sujets, la qualité de l'ensemble est à souligner, jusqu'au choix du papier, son épaisseur, sa texture. Il faut le toucher, le caresser (un livre n'est pas un musée).
Voilà un beau travail d'éditeur. Une belle collaboration entre un auteur et un atelier. On sent que c'est un travail d'Amour, de reconnaissance, une merveilleuse rencontre.
Je suis content!
-Je vous renvoie sur le blog de l'éditeur, plus abordable pour les personnes qui ne connaissent pas que leur site internet (www.derniercrinews.blogspot.com ). Leurs images "maudites", diaboliquement "belles", outrageantes parfois, et leurs créations sonores peuvent réellement heurter les personnes à la pupille endormie et à l'ouïe trop sensible.-

-Monsieur-

de Ichiba Daisuke
Éditions le Dernier Cri
200 exemplaires-2007

mercredi 14 novembre 2007

Papiers Nickelés


La "revue de l'image populaire" est trimestrielle. La couverture présentée ci-contre est celle du deuxième trimestre 2007 mais la suivante (que je n'ai pas lue) est encore plus belle.
Papiers Nickelés a été fondée il y a quelques années par des passionnés. Ceux-ci se sont associés afin de promouvoir la création d'un centre d'étude (C.I.P.) où seraient collectés et préservés les travaux, dessins, illustrations de créateurs d'images. Ce lieu permettrait de sauver un patrimoine souvent délaissé, de le mettre en valeur (numérisation) et d'en gérer éventuellement les droits.
En attendant, leur journal offre une reconnaissance à des dessinateurs connus ou oubliés. Il mêle habilement l'érudition des textes à de nombreux dessins hétéroclites. Instructif mais jamais assommant, il n'y a pas de différence de traitement entre un affichiste et un dessinateur de presse, entre un dessinateur contemporain et un dessinateur du XVIIIème siècle. Il n'y a pas de hiérarchie entre l'historique d'un logo (Larousse) et le rappel d'un fait de société (procès des caricatures). Les collaborateurs de cet organe ont une curiosité doublée d'une absence de préjugé qui donne toute sa valeur à leurs articles. Ce fourre-tout fabuleux est une mine dans laquelle il y a toujours un trésor à découvrir. On referme chaque numéro avec l'envie d'en savoir plus, de faire des recherches sur tel ou tel dessinateur, de glaner des images dans les bibliothèques, sur les quais, d'aller chercher dans les greniers, chez votre grand-mère (et pourquoi pas chez la mienne?).
Il serait dommage de passer à coté de cette source de bonheur.

-Monsieur-

Collectif C.I.P.
Adresse de la messagerie:
papiers.nickeles@wanadoo.fr

mardi 13 novembre 2007

L'élégance du hérisson


Le début de ce roman me semblait ennuyeux, un peu long. L'auteur y décrit l'immeuble où se déroule l'intrigue, et ses différents occupants. Il met en avant une adolescente lambda issue d'une famille bourgeoise et une concierge maussade qui n'est pas sans rappeler celle de la célèbre photo de Doisneau.
Puis l'histoire évolue, on découvre que ces deux femmes sont loin d'être aussi anodines qu'il n'y paraît: l'ado est une surdouée qui cache son intelligence à sa famille pour leur ôter toute prise sur elle.
Quant à la concierge, à la culture insoupçonnée, elle espère préserver sa tranquillité en cachant sa bibliothèque dans une pièce au fond de sa loge, ne laissant voir de son intérieur qu'une petite salle sans charme au mauvais goût prononcé.
On rit en découvrant ces deux personnalités. On rit encore plus quand un nouveau locataire, richissime japonais, va les mettre à nu, déclencher un micro-cataclysme dans cet univers à l'abord si terne et rendre les personnages de plus en plus attachants.
C'est les larmes aux yeux que j'ai tourné la dernière page, en espérant, un jour, croiser au coin de la rue des personnes aussi émouvantes que la concierge et l'adolescente du 7, rue de Grenelle.

-Madame-

de Muriel Barbery
éditions Gallimard
2006

En Compagnie de Basquiat


Il ne faut pas chercher d'élégance dans le style ni de "Grande Écriture". Il ne faut pas espérer y trouver des envolées lyriques. Non. Ce livre est un témoignage, un reportage au ras du sol.
"C'est la bonne copine qui vit avec un gars célèbre et elle te dit des choses."
Je résume, c'est un peu court mais cela s'en rapproche.
Dominique Goy-Blanquet a traduit Jennifer Clement qui a rapporté les souvenirs de Suzanne qui a vécu avec Basquiat.
La genèse de ce texte provient sûrement d'un besoin, d'un trop plein d'émotions et aussi d'une demande... on est tous un peu curieux, un peu voyeur, on aime comprendre, avoir des clés, en savoir plus sur les gens qu'on admire: on achète ces "moments de vie" quand on aime Basquiat. On peut ainsi le "lire" au quotidien. Le problème, c'est que l'on n'y apprend pas grand chose. On connaît son histoire, ses tourments, la longueur de sa... (peut-être pas)
En comparaison Downtown 81 (film de Edo Bertoglio dans lequel Basquiat jouait son rôle) est beaucoup plus émouvant: on plonge vraiment dans l'univers romanesque du peintre (la ville, la musique...).
Vous pourrez me rétorquer à juste raison que ce n'est pas pareil mais, au final, ce livre ne m'aura guère plus touché qu'un article de Paris-Match (il y en a(vait) de très bon).

-Monsieur-

de Jennifer Clement
Éditions Denoël & D'Ailleurs
2003

vendredi 9 novembre 2007

Pause Lecture



jeudi 8 novembre 2007

Fraktur Mon Amour



Commençons par un petit rappel. La Fraktur est un caractère d'imprimerie conçu au XVIème siècle. C'est une "écriture cassée" dérivée du Gothique. Au début du XXème siècle, les nazis ont encouragé la Fraktur comme marque de distinction de la culture allemande. Puis ils se sont aperçus que cela compliquait
la communication avec les populations occupées d'Europe. En 1941, les nazis abolissent l'usage de la Fraktur: elle aurait, selon eux, des origines juives! L'histoire continue de tourner car la Fraktur est associée de nos jours, dans l'imaginaire collectif, à l'Allemagne nazie. L'inculture de nombreux nazillons est sur ce point flagrante (une bonne partie de leurs publications arbore cette typo).
Bref passons disait Pépin; je ne suis ni spécialiste ni professionnel, je me revendique "amateur" et ce livre n'est pour moi ni un sujet de polémique ni un outil de travail (un CDrom est intégré à l'ouvrage). Ce livre est un poème dans lequel on ne trouve ni vers ni histoire. Il renferme des pages et des pages de polices (environ 300) et autant d'espiègleries calligraphiques et raffinées.
Ce livre est un luxe dans sa forme, son contenu, son abondance. C'est un coffre aux trésors, rose et noir, blanc et fushia. C'est de l'amour, c'est un œil. A aucun moment on ne ressent la difficulté qu'a dû connaître l'auteur en le réalisant. A aucun moment, on ne ressent l'ennui devant ses ornementations quasi-psychédéliques: elles se marient très bien avec l'austérité d'un catalogue typographique.
Une splendeur à feuilleter, à garder précieusement, à contempler souvent.

-Monsieur-

de Judith Schalansky
Éditions Hermann Schmidt Mainz
2006
(difficile à trouver en librairie, à défaut essayer par Internet.)

mercredi 7 novembre 2007

On ne se voit plus qu'aux enterrements, heureusement il y en a souvent


Pour résumer cette compilation d'articles sur les cérémonies funèbres (parus à l'origine dans le regretté Hara-Kiri) je parlerai de simplicité: simplicité de l'humour et de la lecture.
C'est frais, c'est une philosophie. Jackie Berroyer a le don de ne pas être scabreux sur un sujet délicat. Il a le ton juste. Il ne juge pas, il décrit. Rien n'est grave. La vie, la mort, c'est comme ça.
Il a raison. Pourquoi chercher plus loin? On est de passage.
Il écrit et raconte, mais le sourire en coin et cela fait du bien, le sourire dans un cimetière.

-Monsieur-

de Jackie Berroyer
éditions Le cherche midi
2007

Les cavaliers


L'histoire se déroule dans les steppes afghanes, le sujet principal est un jeu terriblement dangereux pratiqué par des cavaliers afghans, le "Bouzkachi".
Ce sport équestre est le sport national en Afghanistan. Il requiert un dressage des chevaux particulièrement long et coûteux et pour les cavaliers un entraînement intensif.
Joseph Kessel a passé quelques temps en Afghanistan et nous en a rapporté un magnifique roman.
Il y a décrit la préparation des chevaux et des cavaliers (appelés les Tchopendoz), y a expliqué les enjeux du Bouzkachi pour les haras et les régions entières dont ils dépendent, et nous a livré une description extraordinaire des paysages évoqués.
Ce roman m'a été offert il y a bientôt dix ans, à une période où j'étais peu portée sur les romans d'aventure. Je crois que si on ne me l'avait jamais mis ainsi entre les mains je ne l'aurais pas lu. Quelle perte alors!
Si vous avez envie de voyager, de rêver, de découvrir un autre monde, plongez-vous dans ce roman, et proposez-le vite à ceux que vous aimez!
L'édition que je vous ai scannée était sortie chez Gallimard Jeunesse, je crois qu'il n'est plus disponible dans cette collection, il l'est toujours en revanche en Folio.

-Madame-

de Joseph Kessel
éditions Gallimard
Année 1967

mardi 6 novembre 2007

Les prix littéraires

En France aujourd'hui, comment parler de littérature sans évoquer les prix distribués durant les "mois en R"? Hier a été décerné le prestigieux prix Goncourt à Gilles Leroy, pour son livre "Alabama song" (éd. Mercure de France, filiale de Gallimard) et le Renaudot à Daniel Pennac pour son livre déjà très médiatisé sur sa jeunesse de cancre, "Chagrin d'école"(éd. Gallimard).
Pendant quelques mois, jusqu'en janvier au moins, vous ne pourrez rentrer dans une libraire ou dans un espace livre (pour les adeptes des grandes surfaces et ceux qui n'ont pas d'autres possibilités de trouver des livres) sans tomber irrémédiablement sur une table couverte de "livres à bandeaux". Est-ce bien, est-ce mal? Beaucoup se posent la question de la légitimité de certaines oeuvres à obtenir des prix de renommée nationale, voire internationale. Du même coup, la partialité des jurys est mise en doute.
L'ensemble des acteurs de la chaîne du livre est pourtant d'accord sur un point: un prix comme le Goncourt, le Renaudot, l'Interallié ou le Fémina fait vendre.
C'est un moyen sûr de démultiplier les ventes, et d'atteindre des personnes qui ne liraient pas autrement.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille de visiter le site de la revue littéraire Lire qui a mené une enquête sur le thème.
Alors, lirez-vous le Goncourt cette année? Pour ma part je pense que oui, un jour peut-être, mais pas tout de suite.
Un conseil, si vous vous posez la même question et ne voulez pas tomber sur une bête médiatique mais sur un vrai bon texte, attendez quelque temps, et écoutez les différentes critiques qui ne manqueront pas de se faire de toutes parts dans les semaines qui vont suivre.

Pour découvrir les autres centaines (voir milliers) de prix décernés tous les ans, je vous ai mis en lien un premier site à visiter qui en relève un très grand nombre et dans lequel vous trouverez un agenda reprenant les différents rendez-vous littéraires de l'année, prix-litteraires.net.

-Madame-

lundi 5 novembre 2007

Darling


Je connaissais Jean Teulé pour ses BD superbes (Copy rêves, Filles de Nuit...), sa gentillesse, ses fous rires, son côté "poète" et ses passages télé.
Et puis un jour, j'apprends qu' il arrête le petit écran pour se mettre à écrire un roman triste, un roman-témoignage. Il nous parle de Darling, une fille "martyre".
Tiens donc!
Je suis un homme, un vrai, le genre de gars qui pleure toutes les dix lignes en lisant le journal du matin. Alors moi, je l'attends au virage: Jean Teulé qui fait dans la tragédie noire ce n'est plus Canal Plus ni l'Assiette Anglaise, c'est le retour à ses débuts!
Foudre! Je n'ai pas été déçu.
J'ai lu Darling à sa sortie, à petites doses, avec de grandes bolées d'air pour respirer parce que... ce livre, c'est un combat:
ou on esquive, ou on encaisse.
Je croyais être costaud, il m'a fallu du temps pour digérer.
[...] Presque dix ans se sont écoulés, je l'ai toujours à la maison, je le regarde régulièrement; je n'arrive pas à le relire mais j'aime le savoir là. Et si je ne le prête pas, je le recommande, avec mille précautions, à des personnes que j'aime, que je connais suffisamment (libre à elles par la suite...).

N.B. Il paraît qu'on y ressent une pointe d'humour, l'humour mêlé de Jean Teulé et de son héroïne. J'ai dû passer à côté; peut-être à cause de mon tempérament, mon côté madeleine. Il faudra d'ailleurs que je prenne exemple sur Darling pour me sortir de cette sensiblerie larmoyante.
En attendant, j'irai sûrement voir le film dans un cinéma désert avec des lunettes noires au fond d'une poche car les extraits m'ont terriblement remué et bouleversé. J'y ai retrouvé l'essence du livre. Quant à Marina Foïs, elle a la force, la foi et le tragique. Elle est Darling. Elle est belle, et ce n'est pas du cinéma.

-Monsieur-

de Jean Teulé
éditions Julliard
Année 1998

dimanche 4 novembre 2007

Laver la voiture


En quelques secondes le folioscope (ou flip-book) du collectif Colorant 14 nous raconte une petite histoire poétique et amusante.
Il enlève au lavage des voitures le côté pénible de la corvée, et nous amène à voir dans chaque geste quotidien une évasion surréaliste:
en lavant sa voiture dans un lavomatic le personnage de ce "film à pouce" la réduit à la taille d'une Majorette et va ensuite l'étendre sur un fil à linge, où l'attendent d'autres véhicules précédemment rétrécis.
-Madame-

de Colorant 14
collection Routine Fluide
éditions Colorant 14
Année 2006