dimanche 16 février 2014

La fille sauvage

Fantastique. Sauvage. Dur, beau, tragique, historique. Je viens à l'instant de terminer ce roman de Jim Fergus, auteur de l'inoubliable "Mille femmes blanches", et les mots me manquent pour exprimer ce qui m'a touché dans ce texte.

C'est l'histoire romancée d'un groupe d'Apaches du Nouveau-Mexique qui tente de survivre malgré les persécutions des Mexicains et des "Oeil-Blanc", les Nord-américains. Le narrateur de cette histoire, jeune photographe dans les années 30, découvre dans une prison mexicaine une jeune indienne épuisée, mourante, exposée au vu de tous contre argent sonnant et trébuchant. Participant à une expédition dont le but est de ramener un petit mexicain enlevé par les Apaches, il demande l'autorisation de faire soigner la jeune fille, et négocie son sauvetage en proposant d'en faire une monnaie d'échange contre le petit garçon. C'est compter sans la haine viscérale que se portent réciproquement les Indiens et les "Blancs".

Roman d'initiation, roman historique également, il prend parti pour les Apaches persécutés. Mais il n'oublie pas non plus les horreurs commises par ceux-ci soit par vengeance, soit par pure folie sanguinaire.

Ce qui touche le plus dans "La fille sauvage", ce sont les personnages, touchants, perdus au milieu de cette guerre ethnique, tentés par un rapprochement quasi impossible.

Un roman qui transporte, décrivant des coutumes ancestrales indiennes et une période noire de l'histoire nord-américaine.

Magnifique.

- Madame -

samedi 2 novembre 2013

L'esprit du Livre.

Une image est parfois plus parlante qu'un texte :



La rue Hautefeuille est bien nommée. 
Elle se situe dans le quartier Latin, à deux pas du boulevard Saint Michel.
Ces vues caractérisent bien l'état d'esprit dans lequel se trouvent la plupart des salariés dépendants des métiers du Livre.

- Monsieur - 
à Paris, le 31 Octobre 2013.

vendredi 4 octobre 2013

Architecture durable

Pour flatter une partie de son corps électoral et ne pas se dédire une nouvelle fois, le gouvernement a modifié les rythmes scolaires. La mairie de Paris, comme beaucoup d'autres, s'est empressée de mettre en place cette réformette aux conséquences "incalculées". Les journées sont désormais morcelées et les jeunes enfants épuisés.
Bref, passons, disait Pépin.
Comme les cours s'arrêtent plus tôt certains jours de la semaine, des périodes d'animation ont été constituées pour "occuper" les enfants jusqu'à la fin de la journée scolaire.
Soit.
Arrêtons-nous sur l'une de ces activités : Architecture durable.

 Cet atelier est proposé à des enfants de primaire dont certains apprennent à lire ( 6-7 ans ). Le titre est ronflant, ridicule et démagogique mais acceptons-le, soyons modernes. Il est vrai qu'Atelier d'Architecture serait d'un plat, n'en parlons pas ! Quant à durable, c'est l'équivalent d'écologique, cela fait bien, c'est de bon ton.
Lors de chaque séance, une photocopie de format A4 pliée en 2 est proposée aux écoliers, en voici les scans :

Décor ne prend pas de S.
 
La brique de terre est un matériau sans X.
Choisi prend un S.

Que dire de la tournure des phrases, de l'orthographe ?
Que dire de ces photos sans relief, mal photocopiées ? de ces dessins minuscules et si peu représentatifs ?

Je pourrais me fâcher, vitupérer contre le CAUE de Paris, déplorer la faiblesse de l'enseignement, protester contre l'utilisation de nos impôts, il n'en sera rien.
Je préfère sauter dans les flaques et cracher vers le ciel.


- Monsieur -

dimanche 29 septembre 2013

Parade

Alors que la Serbie vient d'interdire le défilé de la Gay Pride pour des raisons de sécurité, saluons ici le courage de celles et ceux qui osent mettre en place de tels évènements. Au delà des polémiques législatives en France, au delà des déclarations provocatrices de Pierre Bergé, il est encore des pays, des endroits où la vindicte et la culpabilisation collective sont des prisons terribles.


La Gay Pride existe pour ça, pour que l'on puisse aimer, simplement, une personne de même sexe sans subir de jugement. C'est un appel à la tolérance, c'est se rendre visible pour ne plus se cacher, c'est rejeter l'hypocrisie. Ce n'est ni une déclaration de guerre, ni un appel à la violence. Aller défiler à la Gay Pride ( même si je n'aime pas le nom anglo-saxon ), c'est donner son corps en pâture, c'est un non-renoncement.


La Parade le démontre très bien. Ce film de Srdjan Dragojevic raconte avec humour la préparation en 2001 de la première Gay Pride à Belgrade. C'est drôle, excessif, parfois caricatural mais les personnages ( très bien joués ) ne sont jamais monolithiques. Le film révèle ici toute sa finesse. Tout un jeu de nuances se dévoile derrière les apparences, brisant ainsi bien des idées reçues.


La Parade, un film drôle et émouvant de Srdjan Dragojevic, sorti en France en 2013.
Sortie en DVD en Juin 2013 Chez Blaq Out ( également disponible en streaming ).

- Monsieur -

lundi 23 septembre 2013

Pulphead

Pulphead de Jeremiah Sullivan aurait pu m’intéresser. Le livre était agréable au regard, au toucher. Un journaliste au cœur des reportages, de la musique, de l'humanité, le résumé en quatrième de couverture était alléchant :

Lire les chroniques de Pulphead, c’est grimper à bord d’un camping-car de neuf mètres de long pour rejoindre les ados d’un festival de rock chrétien. C’est dormir sous le même toit qu’un vieux fou, le dernier des Agrarians, chef de file des écrivains du sud des États-Unis. S’interroger sur l’art en sifflant des cocktails dans une boîte branchée aux côtés du Miz, star de la téléréalité. Croiser la solitude de Michael Jackson ou celle des sans-abris après Katrina. C’est se demander pourquoi Axl Rose, né au milieu de nulle part, est devenu Axl Rose, le chanteur des Guns N’Roses. Se frayer un chemin dans une manifestation pour protester contre la réforme du système de santé américain. C’est, dans la fumée jamaïquaine, à Kingston, distinguer les dreadlocks de Bunny Wailer, l’unique survivant du groupe de Bob Marley. S’enfoncer dans des grottes du Tennessee à la recherche des origines de l’homme. C’est aussi écouter en boucle un blues des années 30, pour essayer de retrouver, malgré le disque rayé, un mot inaudible perdu quelque part dans l’histoire.
En quatorze chroniques détonantes, John Jeremiah Sullivan décline sa quête de l’identité américaine, fouillant dans les entrailles de sa culture pop, scientifique, underground ou littéraire pour répondre à des questions universelles : Qui sommes-nous ? De quoi sommes-nous faits ?
Si sa plume l’élève au rang des hérauts du nouveau journalisme, John Jeremiah Sullivan a su trouver son propre regard, dans lequel l’intelligence, la curiosité et le charme le disputent à une bienveillance stupéfiante pour ses contemporains.

C'est après que ça se gâte :

John Jeremiah Sullivan écrit pour le New York Times Magazine, GQ, Harper's Magazine, et Oxford American. Il est rédacteur en chef de la section littérature du Sud des États-Unis de la grande revue littéraire The Paris Review  Il vit à Willmington, en Caroline du Nord.

" Par sa verve débridée, son hyper éloquence du Sud des États-Unis et son excentricité, Pulphead dépote et on devient très vite accro. " The Guardian

" Son hyper éloquence du Sud des États-Unis " me bloque... jamais entendu parler d'hyper éloquence ; ça ne veut rien dire. Bien sûr, c'est français, il n'y a pas de faute... mais quand même...
Et même si ! Parler d'hyper éloquence pour le Sud des États-Unis, ça ne colle pas avec le phrasé, la gouaille des Rednecks, avec les sonorités qui vont avec. Ça me turlupine.
Je retrouve la version originale sur le site de l'éditeur Random House :

Pulphead has a ramshackle loquacity, a down-home hyper-eloquence and an off-the-wallishness that is quite distinct - and highly addictive.

Mouaip... " hyper-eloquence". À l'école, les enseignants nous mettaient en garde contre les faux-amis et ils étaient sévères... c'était une autre époque. Je suis d'une autre époque, un vieux schnock. Je ne lirais pas ce livre.

Pulphead de John Jeremiah Sullivan, aux éditions Calmann-Lévy, 2013.
Traduction de l'anglais par Nathalie Bru et Estelle Jacquet-Dégez.

- Monsieur -

mercredi 18 septembre 2013

Cépaduès

On n'accorde pas toujours d'attention aux premières pages des ouvrages qu'on achète et pourtant...


Ce petit détail en page de titre nous permet de saluer le travail des éditions Cépaduès. Cet éditeur scientifique et technique s'adresse également aux lecteurs passionnés de pilotage et d'aviation. Ce clin d'oeil amusant à leur intention est aussi un gage de sérieux et de précision.

- Monsieur -

mercredi 11 septembre 2013

Vive l' anarchie !

Alors là, bon courage ! Les parents qui vont inculquer les leçons de ce livre à leurs chers petits monstres devront avoir les épaules solides et une patience d'ange.
" Brisons les règles " se rapprocherait plus du titre original ( a rule is to break ) que  Vive l'anarchie ! car ce petit guide est un livre de désobéissance et non d'anarchisme (  l'anarchie imposant la plus difficile et délicate des lois : l'élévation de l'âme dans le respect des autres, du Monde et de son être ).
Pour amener un enfant vers l'anarchisme, il faut une rigueur de vie, des règles de comportement qui frisent la perfection ; et le plus dur, car le plus rare, il faut du temps.
On ne s'adresse pas à un enfant comme à un adulte. Les acquis ne sont pas les mêmes, la compréhension non plus.
" Apprends par toi-même " disent les auteurs, mais à qui s'adressent-ils ?
" Acquiers le savoir, engrange les connaissances, il sera toujours temps de te révolter. Fourbis tes armes ! " devrait-on conseiller, " Après, tu pourras te forger un esprit critique."

Prôner le refus systématique, le désordre, la satisfaction des désirs et des instincts primaires n'aidera pas les enfants même si c'est flatteur pour le lecteur ( et je renvoie à la pédagogie Montessori ).

Dans le même ordre d'idée, dire ce que l'on pense est le contraire de la délicatesse, de la subtilité et parfois même de la politesse dans certaines circonstances mais tout cela s'apprend. C'est le fondement des civilisations, de la sociabilité.

Pourquoi vouloir à tout prix s'opposer, rejeter ?
Pourquoi tout prendre à l'envers, pourquoi tout prendre à rebrousse-poil ?

" Fonce et fais du bruit ! Fais de la musique même si tu n'as pas appris. " ( j'imagine que les auteurs n'ont pas d'enfant ).
" Bricole et n'achète pas. " Le propos est louable, boboïsant, mais quelle démagogie !
Je préciserai aussi aux auteurs ( vers le milieu du livre ) que le don est gratuit : " Donne des choses gratuitement. "

Si j'avais un dernier conseil, je renverrais les lecteurs vers Pinocchio ou Max et les Maximonstres qui apportent bien plus de réflexions sur l'ordre et le désordre, sur la construction de soi que ces quelques pages colorées et joliment présentées.

extrait de la quatrième de couverture

Les enfants apprécieront certainement le côté subversif ( à leurs yeux ) de cet ouvrage et les dessins fort plaisants mais parler d'ambition à son propos, permettez-moi de rigoler !
( même si ça m'a fait reprendre le clavier. )

Vive l'anarchie ! de John and Jana aux éditions Graine 2, paru en septembre 2013.

- Monsieur -

lundi 25 mars 2013

Salon du Livre de Paris 2013 : une installation

Voilà quelques années que je n'avais pas participé à l'installation du Salon du Livre. J'aime cette effervescence que l'on peut retrouver à Rungis ou au marché aux fleurs d'Aalsmeer, cette urgence du déballage et de la mise en place.


8 heures 30. Tous les corps de métier se retrouvent dans ce grand décor éphémère. Les menuisiers ajustent les derniers éléments dans une bonne odeur de poussière, de colle et de bois. La peinture n'est pas sèche que les électriciens installent les luminaires sur les stands.
Autour, une armée de "pakis" déroule des mètres de moquette. Le geste sûr et appliqué, ils découpent les bordures au cutter. Quant à parler français, ils sont plus... évasifs.
Deux jeunes chauffeurs récupèrent les palettes. Ça arrange leurs fins de mois et ça nous débarrasse.
Distincts par leur allure, une nonchalance naturelle, de grands hommes du désert poussent inlassablement de lourds chariots d'acier dans lesquels on déverse les cartons préalablement découpés et pliés. Il y a quelques années, il me semble qu'ils étaient plus nombreux et le faisaient eux-même mais peut-être que mes impressions sont trompeuses... 


C'est dans cet univers que se mettent en place les stagiaires, intérimaires et autres petites mains du Livre cornaqués par quelques directeurs et grands pontes de l’Édition. Ceux-ci supervisent, mettent la main à la pâte car il ne s'agit pas de se rater : c'est l'image d'une année, la représentation ! Les enjeux financiers et professionnels sont énormes ou... surévalués. On aime à croire en l'importance de ce Salon.


Vers la fin de la matinée, la fatigue aidant, les gens remettent les manteaux, les allées et venues sont plus nombreuses. La fraîcheur du Hall est réelle, autant que les courants d'air. Un message demande de faire attention aux voleurs, il sera répété tout au long de la journée.


C'est l'heure de déjeuner. Le rythme est moins soutenu. Le gros des livraisons est terminée depuis longtemps.


Des "responsables" arrivent. C'est là que j'aperçois Gilles Cohen-Solal dans son pardessus froissé accompagné de Madame. Je ne peux m'empêcher de penser à l'émission Strip-Tease, l’Édition, c'est pas de la littérature, consacré au "patron" des éditions Héloïse d'Ormesson. J'observe :
Gilles Cohen-Solal se dévêt, range des bouteilles de vin dans la réserve de son stand ( l'inauguration est un moment important et réputé d'hypocrisie mondaine autour de quelques verres...) et s'arme d'un cigare.
Véritable maquignon du Livre, désillusionné, caricatural, excessif, consternant, théâtral... c'est un personnage intéressant en tant que matière littéraire. Ce qui m'étonne le plus c'est l'apparente indifférence de son entourage, à la fois impassible, mais à l'écoute. Il mériterait une thèse car c'est un cas d'étude, la version non policée d'une partie importante du monde de l'Édition et pas seulement de l’Édition.


Le commissariat général va ouvrir. Les livres neufs ont fière allure.
Ma journée se termine.

- Monsieur -

dimanche 9 septembre 2012

Une étrange histoire d'amour

Quand on ne connaît pas bien la vie de Robert et Clara Schumann et de leur ami Johannes Brahms, on découvre dans ce roman une histoire d'amour passionnée, terrible, entre Clara et Johannes, à la fois permise et détruite par l'internement de Robert dans un asile d'aliénés.

Entre ces trois-là, la limite entre musique et amour est floue.
Quand le jeune Johannes Brahms frappe à la porte des déjà célèbres Robert et Clara Schumann,  il ne sait pas encore qu'il est le génie que le compositeur attendait, désespérant de trouver un jour un artiste digne de lui "succéder". Il partagera les tourments du couple et de leur famille, aidant plus qu'à son tour Clara lorsque son mari sombra dans la folie.

Leurs vies furent bousculées, ballotées, instables et ponctuées d'événements dramatiques.
Pour cette biographie romancée, Luigi Garnieri a choisi de faire parler le vieux Brahms, au lendemain de l'inhumation de Clara. Celui-ci décide de lui écrire une dernière lettre, retraçant leurs trois vies, leur relation complexe, en revenant sur les périodes inavouées et douloureuses de leur histoire.

C'est un roman d'amour, un roman historique également, un texte qui nous emmène de Düsseldorf à Bonn, en passant par Vienne et par les nombreuses villes où se représentèrent les trois pianistes-compositeurs.

- Madame -

Une étrange histoire d'amour
de Luigi Guarnieri, traduit de l'italien par Eve Duca en collaboration avec Marguerite Pozzoli
éditions Actes Sud 2012

dimanche 19 août 2012

L'après-Minuit à Paris

Au pied de la rue Descartes, ce dimanche, vers 9 heures, c'était libre-service :



J'admire l'effort de présentation et m'étonne quand même de cet étalage.
Moi, qui m'étais promis de ne plus ramener de livres à la maison... la tentation est grande.

Les rares passants s'arrêtent, se servent.
Tant mieux, c'est donc qu'ils lisent encore...

- Monsieur -


mercredi 25 juillet 2012

Graffiti politique

Pont au Change à Paris

C'est toujours étonnant de voir une citation (vraie ou fausse, là n'est pas le problème) d'un auteur oublié, jamais étudié à l'école, banni et renié, sur un pont de Paris.

Se demander qui l'a écrite ? Un jeune ou un vieux ? Une personne manifestant sa colère ou un besoin de s'exprimer ? Un aficionados ? Philippe Sollers (qui a tenté de le réhabiliter) ? Une personne qui ne l'a jamais lu, qui n'en connait que les grandes lignes ? Ou qui le cite comme on porte un maillot à l'effigie du Che ?

Je ne le saurai jamais mais je trouve réconfortant qu'on puisse encore revendiquer (une émotion ou une idée) au nom d'un écrivain dans une grand capitale.

- Monsieur -

vendredi 20 juillet 2012

Lèche-vitrine

Ce petit décor parisien est le cadre idéal pour vous amener à Ma Boutique de Mots.


Crédit : Pause Toujours

Ce livre d’Édouard Launet (textes) et de Benoît Teillet (photos) est associé à un site où défilent des façades et enseignes de magasins dans un agencement poétique souvent emprunt de mélancolie.


Ma Boutique de Mots d’Édouard Launet et de Benoît Teillet a été publié aux éditions de la Martinière en mars 2012.



Au passage, je remercie le blogueur Bo Dimanche pour avoir associer à sa critique de Ma Boutique de Mots les flâneries photographiques de Thibaut Derien. Les images de sa ville fantôme, de ses boutiques abandonnées ou closes, sont une sourde découverte.

- Monsieur -

samedi 14 juillet 2012

La Fabuleuse histoire du clitoris

Pourriez-vous dessiner les organes génitaux féminins et masculins ? En nommer les parties ?
Savez-vous que le clitoris cumule plus de 10 000 terminaisons nerveuses ? Qu'il se déploie dans tous le bassin féminin ?
Imagineriez-vous que l'église catholique a longtemps encouragé la jouissance des femmes lors des rapports sexuels ?
Vous a-t-on dit que l'excision "thérapeutique" a été pratiquée en Europe et en Amérique ?
Envisageriez-vous de suivre des études de sexologie sans avoir un seul cours sur le clitoris ?

Voilà le genre de questions qu'on ne se pose pas puisque ça n'existe pas. Ça ne s'exprime pas. "Ça", c'est le droit des femmes à exister pleinement, le droit des femmes à disposer de leur corps librement. "Ça", c'est la connaissance de soi, de son corps, de son clitoris.


Et l'intérêt de cet essai est de situer la place du clitoris (la place des femmes) à travers l'histoire, l'évolution des mœurs et de la société mais aussi par rapport à la médecine. Les études sont encore balbutiantes sur ce sujet mais Jean-Claude Piquard a fait un gros travail de recherche et de défrichement.
Clair, didactique et agréable à lire, La Fabuleuse histoire du clitoris est un ouvrage abordable dès l'adolescence, il n'est jamais vulgaire ni provoquant.
C'est vraiment le genre de livre qu'il faut diffuser, abandonner partout, laisser traîner sur les tables et dans les salles d'attente, placer dans les bibliothèques, étudier en classe... pour le plaisir de chacune et chacun, pour notre épanouissement commun.

La Fabuleuse histoire du clitoris de Jean-Claude Piquard  est parue aux éditions Blanche en mai 2012.
Préface du collectif Osez le Féminisme.
Épuisée, La Fabuleuse histoire du clitoris est rééditée en octobre 2013 aux éditions H&O.


- Monsieur -

Si j'osais, j'ajouterais le lien d'un dessinateur de nus, où tous les corps sont présentés avec amour et respect : Pour un dessin et quelques courbes. Voilà, c'est fait, il suffit de cliquer.

vendredi 13 juillet 2012

Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances

Jaime Semprun porta la critique sociale au cœur du projet de l'Encyclopédie des Nuisances (EdN). Il fonda les éditions du même nom en 1991.

" À la différence de celles qu'inspirent régulièrement le marché de l'édition ou l'idéologie d’État, notre Encyclopédie ne se prétend nullement l'héritière et la continuatrice du vieux projet des encyclopédistes du XVIIIe siècle. Le seul rapport qu'elle souhaite entretenir avec l'aspect positif de leur entreprise de recensement, c'est d'en renverser le sens, aussi radicalement que l'histoire a renversé celui du progrès matériel qui portait leurs espoirs. Ainsi pensons-nous d'ailleurs redonner tout son emploi historique à la négation passionnée des chaînes de superstition et de la hiérarchie qui animait ce qui n'aurait été sans elle qu'un bien morne catalogue." Prospectus de l'Encyclopédie des Nuisances, septembre 1984.

On pouvait le qualifier de radical. Il était inutile de le titiller ni même de l'amadouer. Cela ne changeait rien. Il n'hésitait pas à ruer dans les brancards. Il proposait sa vision du Monde avec une conviction sans faille, la certitude d'effectuer du bel ouvrage et de participer à un combat contre l'endormissement intellectuel généralisé. Il ne faisait pas l'unanimité, il n'était pas consensuel. Et alors ?
Pour se faire une idée un peu plus précise de sa maison d'édition, il suffit de s'attarder sur son catalogue .


Agréable à prendre en main, élégant dans son austérité gris-jaune, il est cousu et imprimé avec soin.

L'abécédaire, article paru en 1986 dans le sixième fascicule de l'EdN, ouvre la marche. En quelques pages nous avons un aperçu de ce que défendent les éditeurs de l'EdN : le livre et la pensée ; l'esprit critique, la raison et les mots ; le sens de ceux-ci et leur organisation par le langage ; l'apport de l'écrit, de la lecture dans l'élaboration du savoir et dans sa diffusion ; une maîtrise.
Ce texte a une importance majeure pour qui se désespère du désintérêt pour le Livre car c'est de la liberté dont il s'agit, ce n'est pas d'éducation des masses mais d'élévation des individus. Donner le droit et la possibilité à chacun de construire une réflexion.

"Nous sommes ainsi, de quelque façon que l'on veuille nous considérer, d'une autre époque. Il ne dépend pas seulement de nous que cette époque soit en fait la prochaine, mais tout ce qui sera critiqué ici le sera cependant du point de vue de la liquidation sociale des nuisances matérielles et intellectuelles, pour reconstruire un tel point de vue, dont l'organisation présente de l'inconscience historique se croit prématurément débarrassée." Prospectus de l'Encyclopédie des Nuisances.
Vient ensuite le catalogue, à proprement parler, présenté chronologiquement et non par un classement alphabétique d'auteurs ou de titres. Cela nous offre l'occasion d'errer de page en page, de musarder : chaque présentation attise la curiosité, appelle à la confrontation d'idées, incite à avancer, contre ou avec, mais à avancer. On se promène et on s’intéresse, on est tenté par un livre et un autre d'autant plus facilement que les prix sont loin d'être excessifs.

L'ouvrage se termine par une correspondance qui résume parfaitement la position chevaleresque de l'EdN dans un Monde du Livre habitué aux moquettes et aux patins sur le parquet. Plusieurs exemples de courriers échangés avec des libraires, des institutions, des éditeurs et des auteurs font montre d'une intégrité éditoriale, d'une rigueur intransigeante, d'une exigence professionnelle. Et même si ces lettres ont dû en refroidir plus d'un, la tournure des réponses les rendent très plaisantes à lire.

Approuvez, contestez, protestez mais lisez.

Catalogue de l'Encyclopédie des Nuisances - 2011 - disponible sur demande en librairie.


Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances 41 rue Mazarine 75006 Paris.
Diffusion-distribution auprès des libraires : Les Belles Lettres.

Après le décès de Jaime Semprun en 2010, Sofia de Semprun-Roy a repris la gérance de la maison d’édition.

- Monsieur -

jeudi 12 juillet 2012

Théorie du complot.

La météo reste pluvieuse sur une partie de la France.
Encore un coup des libraires pour nous pousser à lire !


- Monsieur -