vendredi 29 janvier 2010

Mise en garde

Les bruits de bottes se font partout plus forts; en Australie (mise en place d'un filtrage pour sécuriser le Web), en Italie (demande d'accréditation pour diffuser des vidéos), ailleurs encore, ils se rapprochent.

En France, il ne suffit plus à nos édiles de ne rien y comprendre, de ne rien maîtriser ni savoir du medium Internet, ils préparent l'opinion.
Après avoir tenté, pendant des années, de diaboliser Internet, de le décrire comme un repaire d'adolescents attardés et déséquilibrés (ce que continuent à faire certains présentateurs par facilité et paresse);
après l'avoir présenté comme une sorte de vidéo-gag sans foi ni loi;
après l'avoir pointé du doigt comme un repaire de pirates, de pédophiles, de terroristes, nos élus par la voix de Frédéric Mitterand, s'en prennent aux blogs.
Le ministre les compare à des lettres anonymes diffusant des tissus de mensonges, des rumeurs ( sans dire un mot de la presse à scandale, des reportages bidonnés, des approximations mensongères de Nicolas Sarkozy...). Il parle de danger, d'éducation et de contraintes...

À force de grossir le trait, d'accabler Internet de tous les maux d'une société humaine, nos dirigeants ne devront pas s'étonner d'engendrer de nouvelles radicalités.

Avant de dénoncer, Monsieur le Ministre, il serait bon de s'informer, de discuter, de raisonner.


-Monsieur-

mercredi 27 janvier 2010

Gyahtei

Quelques mots pour présenter cette monographie : un coffret cartonné dans lequel est glissé un ouvrage. Une blancheur
immaculée ; un choix de papiers épais, "vivants" (je n'ai malheureusement pas la connaissance pour en donner les caractéristiques techniques), choix pensé en fonction de la lecture, du rapport au lecteur, de l'objet-livre. Une façon toute japonaise de concevoir un livre.

Yamanaka et son éditeur ont su trouver une harmonie : l'équilibre de la respiration.
Un regard épuré. Un noir et blanc où le noir est a minima : un trait, un contraste, une profondeur. Le sujet, dans sa terrible nudité, est sublimé par le vide, l'absence qui l'entoure, la blancheur virginale de la page.

Gyahtei signifie "grand âge" ; c'est le nom donné au livre mais aussi le titre de l'une des six séries de photos qui nous sont présentées. Florilège de 20 années de travail.
Yamanaka est un photographe japonais né en 1959. Son regard est une main tendue, une attention vers ses modèles (on imagine ce que pourrait faire François-Marie Banier avec un peu de grâce et d'humanité).
L'œuvre de Yamanaka est imprégnée de bouddhisme. Il n'est pas nécessaire de le savoir ni d'en connaître les grandes lignes (réincarnation ; rapport à la vie, à la mort ; acceptation de son
état... ) pour recevoir ses photos mais cela les enrichit d'une lecture supplémentaire, d'une approche différente. Les thèmes restent cependant universels : la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort... le temps.

Le choix des sujets (embryons ; femmes âgées dénudées ; vagabonds... des déclassés, des bords-cadres), malgré la pureté des photos et la délicatesse du photographe, réserve l'ouvrage à des cœurs bien trempés : il peut être douloureux ; pas provocant, douloureux.

- Monsieur -

Gyahtei de Manabu YAMANAKA
aux éditions Pot Publishing. Septembre 2009.
Textes en anglais et en japonais. Sens de lecture occidental.
Les photos sont visibles sur le site de l'éditeur mais celui-ci ne traduit pas la profonde émotion dégagée par le livre.

samedi 23 janvier 2010

Quai des enfers

Le cadavre d'une femme est découvert de nuit par la Brigade fluviale de Paris dans une barque amarrée à l'escale du 36, quai des orfèvres. L'affaire n'est pas banale, et mobilise aussi bien la Fluviale que la Brigade criminelle.
La victime, belle, élégante jusque dans la mort, était l'égérie d'un parfumeur. Celui-ci, ami de toujours d'un cadre de la Criminelle, est soupçonné.
Peu à peu l'horreur tisse sa toile sur le fleuve et ses abords ; ses adeptes se soucient plus d'esthétisme macabre que de l'Histoire des lieux.

Évoluant à merveille sur la Seine, théâtre sombre de meurtres violents, Ingrid Astier nous séduit par un grand nombre d'informations sur Paris, les parfums, le milieu de la mode underground, et par la franche camaraderie des équipes des deux brigades. Je regrette même de n'avoir pas noté les anecdotes qui enrichissent ce polar!

Noirceur, vocabulaire professionnel, langage parfois argotique des personnages... On comprend que l'auteur a baigné dans le milieu policier et s'est largement documentée avant de plonger dans l'écriture de ce roman noir : pour toutes ces raisons, Quai des enfers nous offre un vrai plaisir de lecture.

Un bémol toutefois : des facilités de langage sont parfois relevées (répétitions...); parfois même, ses anecdotes culturelles pourtant intéressantes alourdissent le texte, donnent l'impression que l'auteur voulait placer une info à tout prix, juste pour le plaisir de la partager avec ses lecteurs : attention agréable, mais qui ne colle pas toujours avec l'histoire.

Mais qu'à cela ne tienne : il s'agit d'un premier roman, qui laisse augurer de belles pépites de la part d'Ingrid Astier... Je le redis, j'ai aimé ce roman, son cadre noirci d'un Paris que je ne connaissais pas ainsi et ses personnages hauts en couleurs.


- Madame -

Quai des enfers
de Ingrid Astier
Éditions Gallimard
Collection Série Noire 2010

dimanche 17 janvier 2010

Plus fort que Dan Brown

À vous qui habitez ou passez à Paris, ce message est une requête. Peut-être pourrez-vous y répondre...

Depuis quelques années, une personne noue des rubans colorés, parfois des papiers (emballages découpés en longues lanières) dans divers coins du 5ème et 6ème arrondissement.
On les retrouve régulièrement rue Racine (photo du 13 janvier 2010) , rue de Seine, rue des Saints Pères, place Paul Painlevé, square Gabriel Pierné...

Peut-être en répand-elle au delà mais je n'en ai jamais vus. Pourtant, un regard exercé les repère assez vite: accrochés à des grilles, des anneaux; aux branchages des arbustes, au milieu des buissons; en bordure de square ou le long des rues...

Ceux-ci ne comportent qu' une boucle, rarement plusieurs, fermée par une multitude de nœuds plus ou moins serrés. Parfois, ils renferment des messages, un peu comme des pochettes-surprises: photocopies, tickets de caisse, articles de presse; autant d'indices insignifiants pour le non-initié.

Depuis quatre, cinq ans, j'essaye de percer ce mystère. Est-ce une démarche artistique, du "street-art"? Ou simplement un appel? Une sorte de prière, superstitieuse ou calculée?

Ainsi naissent les romans! De bouts de ficelle en suppositions... on brode, on imagine... mais si vous avez une piste, ça serait gentil de nous laisser un commentaire.

-Monsieur-

lundi 11 janvier 2010

Revue Banque

Derrière une austérité de façade,
se cachent des petits rigolos:



-Monsieur-

Revue Banque, sac plastique.

samedi 9 janvier 2010

La Bataille Hadopi

À l'heure où sort le rapport Zelnik, il est toujours temps de lire La Bataille Hadopi car les attaques contre le net se multiplient.
À se demander pourquoi nos gouvernants critiquent la politique de la Chine? Seraient-ils envieux?
À toujours pratiquer cette politique de repli et de défense nationale, il est des questions que l'on se pose!

De quoi parlent-ils? Des créateurs? De spoliation des artistes?
On croit rêver! Et Nicolas Sarkozy de renchérir sur un rapport qui n'est pas, en soi, inintéressant!

Que recherchent-ils en fin de compte? Un monopole d'État au profit de quelques industriels-amis?
Je vous laisse juge...

Sous prétexte de respect des droits d'auteur, le gouvernement veut filtrer, "dépolluer" les réseaux. Il y a de quoi trembler.
Il suffit de regarder les conséquences du droit à l'image dans la presse - floutage, autocensure, caviardage - pour constater les résultats déplorables des politiques batonnières.
Il suffit d'être en opposition avec la ligne dominante pour se demander s'il ne va pas falloir faire ses valises.
À noter également que ces mêmes donneurs de leçons se permettent des largesses avec le droit d'auteur: en décembre 2009, Frédéric Lefebvre reprenait un article de slate.fr sans l'autorisation de son auteur; dans les mêmes moments, les jeunes de l'UMP utilisaient sans autorisation une bande-son pour illustrer un clip où se tortillaient des ministres. À bon entendeur!

Quelles autres solutions apportent-ils? Des taxes, encore et toujours, au coup par coup, modulables à merci; on donne ici, on reprend là.
Rapidement, personne ne comprendra plus rien, on s'habituera simplement, on payera et personne ne contrôlera plus la destination de ces sommes perdues dans le grand gaspillage public. Inlassablement, on retombe dans le schéma classique et désolant du système français.

Autre solution: l'offre légale! Avec une carte de téléchargement subventionnée entre 50 et 200 euros! Il suffit de regarder un peu les tarifs pratiqués par l'INA pour ouvrir grand les yeux. Si le prix est prohibitif, autant couper le cordon: laissons l'Internet aux riches ( le pauvre étant un voleur, un pirate, un malfaisant, coupable de tous les vices)! Les indigents auront l'accès aux services publics - sûrement payants un jour ou l'autre- sur des bornes dédiées.
Et qu'ils interdisent la lecture de la Bible pendant qu'ils y sont! Seules quelques personnes désignées ou nommées auront le droit de divulguer le savoir, la connaissance ( après l'avoir filtrée bien sûr!) .
Ouf...

Il est grand temps d'aborder La Bataille Hadopi car je m'emporte et les mouvements d'humeur ne font pas très sérieux. Ce livre est donc une réflexion collective sur l'Internet, rédigée par des personnes concernées par ses enjeux, impliquées réellement. Ces interventions multiples contiennent également des rappels historiques et sociologiques riches d'enseignement. Les contributeurs proposent des idées neuves, indépendantes de tout pouvoir politique ou économique. Il y a un travail de combat ( même si je n'en partage pas tous les termes) , des propositions intéressantes pour tous les utilisateurs. Leur discours n'est pas biaisé par des arrières-pensées scélérates. Les auteurs ont compris les enjeux de l'Internet et les inquiétudes qui entourent ce nouvel outil. Ils en ont cerné les atouts, posément, sans le diaboliser ni le considérer comme une vache à lait potentielle. La Bataille Hadopi est une précieuse analyse de cette période charnière dans le développement d'Internet.

- Monsieur -
La Bataille Hadopi par un collectif d'auteurs aux éditions In Libro Veritas, 2009.
Disponible sous différents formats, également en version gratuite sous PDF.