Amateur du Pennac-romancier, je pensais, en ouvrant ce livre, passer un bon moment. Cet homme a une faconde plaisante, la bonne humeur communicative, le regard franc et le sourire facile; malheureusement...
Pennac parle de lui-même. C'est un fait. On le voit grandir, être cancre à l'école, en famille, dans le regard des autres; être cancre jusqu'au déclic inattendu: un enseignant qui l'encourage, lui fait confiance, lui donne confiance.
Les chapitres se suivent: Pennac cancre, Pennac enseignant-modèle (où sont les lauriers?), retour au cancre et aux cancres. Il édulcore mais pourquoi pas. La réalité est parfois invraisemblable et les miracles existent. On ne demande qu'à le croire, qu'à le suivre. Son optimisme fait du bien.
Mais il y a un " mais ". Imperceptiblement, le ton devient sentencieux et moralisateur. Redondant, Pennac alourdit son propos. Je tourne les pages mollement. Daniel Pennac m'ennuie.
Son essai se prolonge avec un plaidoyer pour les jeunes de banlieue, forcément blacks ou beurs, forcément cancres. Sans s'étendre sur leurs travers, il les défend en les montrant du doigt: ils sont notre futur, les génies incompris. Il reprend l'imagerie des quartiers, déborde de naïveté et d'idées reçues. Il les connaît: il enseigne (ou plutôt il a enseigné). Il tient la vérité et n'oublie pas de se jeter des fleurs au passage. C'est de bonne guerre mais ça peut agacer. Pennac tient sa revanche, le cancre fait la leçon. Le prof est sympathique. Sa vision simpliste et schématique dégouline de bons sentiments. Pennac passe de pédagogue à démagogue.
Je décroche. Trop, c'est trop. Je n'ai pas eu de " passeur " à l'école! Je ne sais pas de quoi il parle! Je feuillette les dernières pages. Je survole. Il pousse son raisonnement, progresse, devient intéressant mais je n'ai plus l'envie. Je n'ai plus l'étincelle. Il ne me reste qu'à attendre d'éventuelles retrouvailles, un livre dans quelque temps qui pourra me consoler de ce " chagrin d'école ".
J'aurais aimé que Pennac ait une parole pour les cancres isolés, ceux qui ne sont pas chefs de bande. Ceux qui s'acharnent et qui travaillent, ceux qui peinent et ne trichent pas. Obstinés, laborieux et moqués de toutes parts, ils sont là, ils existent, ils se murent: ce sont eux les exclus, ceux que personne ne veut entendre, les " débiles " qu'il vaut mieux oublier.
J'aimerais aussi comprendre pourquoi certains élèves décrochent. Pourquoi certains dévissent arrivés en sixième ou en classe de seconde? On ne naîtrait pas cancre?
Je terminerai sur un souvenir:
il y a 25 ans; les temps changent, mais il y a 25 ans les classes de rattrapage étaient des classes délaissées où s'entassaient dans un état proche de l'abandon les élèves à et en difficultés.
Il faut croire que tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir M. Pennac en cours.
-Monsieur-
de Daniel Pennac
aux éditions Gallimard
2007
Pennac parle de lui-même. C'est un fait. On le voit grandir, être cancre à l'école, en famille, dans le regard des autres; être cancre jusqu'au déclic inattendu: un enseignant qui l'encourage, lui fait confiance, lui donne confiance.
Les chapitres se suivent: Pennac cancre, Pennac enseignant-modèle (où sont les lauriers?), retour au cancre et aux cancres. Il édulcore mais pourquoi pas. La réalité est parfois invraisemblable et les miracles existent. On ne demande qu'à le croire, qu'à le suivre. Son optimisme fait du bien.
Mais il y a un " mais ". Imperceptiblement, le ton devient sentencieux et moralisateur. Redondant, Pennac alourdit son propos. Je tourne les pages mollement. Daniel Pennac m'ennuie.
Son essai se prolonge avec un plaidoyer pour les jeunes de banlieue, forcément blacks ou beurs, forcément cancres. Sans s'étendre sur leurs travers, il les défend en les montrant du doigt: ils sont notre futur, les génies incompris. Il reprend l'imagerie des quartiers, déborde de naïveté et d'idées reçues. Il les connaît: il enseigne (ou plutôt il a enseigné). Il tient la vérité et n'oublie pas de se jeter des fleurs au passage. C'est de bonne guerre mais ça peut agacer. Pennac tient sa revanche, le cancre fait la leçon. Le prof est sympathique. Sa vision simpliste et schématique dégouline de bons sentiments. Pennac passe de pédagogue à démagogue.
Je décroche. Trop, c'est trop. Je n'ai pas eu de " passeur " à l'école! Je ne sais pas de quoi il parle! Je feuillette les dernières pages. Je survole. Il pousse son raisonnement, progresse, devient intéressant mais je n'ai plus l'envie. Je n'ai plus l'étincelle. Il ne me reste qu'à attendre d'éventuelles retrouvailles, un livre dans quelque temps qui pourra me consoler de ce " chagrin d'école ".
J'aurais aimé que Pennac ait une parole pour les cancres isolés, ceux qui ne sont pas chefs de bande. Ceux qui s'acharnent et qui travaillent, ceux qui peinent et ne trichent pas. Obstinés, laborieux et moqués de toutes parts, ils sont là, ils existent, ils se murent: ce sont eux les exclus, ceux que personne ne veut entendre, les " débiles " qu'il vaut mieux oublier.
J'aimerais aussi comprendre pourquoi certains élèves décrochent. Pourquoi certains dévissent arrivés en sixième ou en classe de seconde? On ne naîtrait pas cancre?
Je terminerai sur un souvenir:
il y a 25 ans; les temps changent, mais il y a 25 ans les classes de rattrapage étaient des classes délaissées où s'entassaient dans un état proche de l'abandon les élèves à et en difficultés.
Il faut croire que tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir M. Pennac en cours.
-Monsieur-
de Daniel Pennac
aux éditions Gallimard
2007
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire