lundi 21 janvier 2008

L'aliéniste


Au XIXème siècle, des enfants sont retrouvés morts mutilés sur le port de New-York. Immigrés, prostitués, sans papiers (?!), leur sort indiffère les pouvoirs publics.
Classique pourrait-on dire, réaliste. Nous sommes dans un roman policier où il n'y a ni coups de feu ni agitation décérébrée. Caleb Carr nous décrit un New-York à la Dickens relevé de quelques scènes d'une précision à modifier le cours d'une digestion fragile. Il nous plonge dans un univers sombre et sordide passant de la misère glauque des bas quartiers à la veulerie crasse de la haute société.
Dans ce monde cloisonné, il n'y a pas d'échappatoire pour les pauvres. Seul un espoir apparaît: Théodore Roosevelt, nouveau préfet de police charge Laszlo Kreizler, un aliéniste, de mettre un terme à ces atrocités. L'homme doit aller vite pour éviter de nouveaux meurtres. Il n'a pas d'armes. Il raisonne, travaille par déduction, par empathie. Aliéniste, il essaye de comprendre le cheminement du (ou des) tueur(s), de cerner sa (ou leur) personnalité. La traque est haletante.
Kreizler nous entraîne, avec ses acolytes, sur des pistes incertaines. Il tâtonne, partagé entre l'assurance de sa démarche et l'incertitude des résultats. Ses hésitations, ses réflexions le rendent profondément humain d'autant qu'il doit lutter contre les a priori vis-à-vis de ses procédés. En effet, ses méthodes sont novatrices dans l'utilisation des sciences et de la psychanalyse au service d'une enquête. C'est une époque charnière, un monde en mutation. Pourtant, rien ne change fondamentalement: l'être humain est toujours le même au delà des époques et des races, terriblement prévisible.

Pour ceux qui, comme Kreizler, pensent que le parcours d'un homme peut influer sur son œuvre, les biographes de Caleb Carr insistent sur une enfance marquée par un père écrivain et violent (accusé du meurtre d'un homosexuel un peu trop pressant) et par les fréquentations de ce dernier: Burroughs, Kerouac, Ginsberg... Est-ce une excuse pour écrire un roman aussi prenant? Je vous laisse juge.

-Monsieur-

de Caleb Carr
éditions Pocket
1999

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour
J'ai lu ce livre il y a déjà pas mal de temps mais je me rappelle encore l'énorme plaisir que j'ai pris... Impossible de décrocher tant les personnages (les "bons" comme les "méchants"), l'intrigue, la description des lieux et de l'époque sont magnifiques. Un roman à lire absolument qui me fait penser à "L'homme aux lèvres de saphir" d'Hervé Le Corre, autre bouquin indispensable....

Madame et Monsieur a dit…

Cet avis associé à un conseil nous fait plaisir car il va nous permettre de découvrir "L'homme aux lèvres de saphir". Rebondir de livre en livre, en parler, voilà un vrai partage! Merci beaucoup.