vendredi 29 octobre 2010

Savoir prendre son temps est un luxe oublié.

Négocié à un clochard (...durant son sommeil),
je ramène ce livre à la maison.


À quelques jours du changement d'heure, la découverte est surprenante :


le temps est déréglé !


Qui a croqué ces montres et leurs aiguilles ainsi ?
Quelle était sa raison ?
J'en parlerais au Lapin Blanc...

s'il n'y avait ce bruit !
Une valise à roulettes passe au loin et bouscule le silence. Une maman disparaît à l'angle de la rue : "Alice ! Tu vas nous mettre en retard !"
Il n'y a pas de hasard.

Un léger décrassage, quelques photos et je remets l'ouvrage dans ma besace. Il est grand temps !

Je dois retourner travailler.

L'Homme à l'épée reprend sa place.
Je le dépose au soleil, sur le muret de mon Diogène.
Tout est en ordre.
Je retourne au turbin.

- Monsieur -

L'homme à l'épée de Jules Roy aux éditions Gallimard 1957.

Pour les amateurs d'annotations et d'inscriptions sur les livres, je suggère la lecture du Bibliofil de la librairie des colporteurs. Pour ceux que le changement d'heure agacent, je n'ai pas de solutions.

lundi 25 octobre 2010

Visual merchandising

66 Tests pour développer vos capacités paranormales.
Le sujet est délicat.
Monsieur Jacques Mandorla, l'auteur, a trop de références pour oser la raillerie.
Quant au graphiste, au vu de la couverture*, il a dû se décorporer devant son Mac
... à moins que ce ne soit un (effet de) style entre amateurisme et spectacle de foire.

*L'éclairage de la main avec l'ombre des doigts portée sur le poster de fond est le summum du "lâcher prise".

66 Tests pour développer vos capacités paranormales
de Jacques Mandorla aux Éditions Trajectoire, 2010.

- Monsieur -

mercredi 20 octobre 2010

Atelier découpage

L'odeur est trop forte. La cave, la chaleur et la rue lui seront donc fatales.
Les Mains Vides (terrible prédestination) ne s'en relèvera pas.
La gangrène du livre envahit tout, pique le nez, imprègne les tissus et les pores de la peau.
La moisissure est là!

Ma femme me gronde : "tu ne vas quand même pas récupérer tout ce que tu trouves?!"
(je me souviens ce jour de pluie)

Il faut se résigner, éviter à tout prix la contamination. Maurice Genevoix s'accroche, nous prend en quelques lignes.
... Ne pas aller plus loin, arrêter la lecture si l'on veut rester fort.


Les Mains Vides
s'échange sur les sites Internet.
J'y reviendrai un jour car j'ai de l'affection pour cet auteur qui disparaît des catalogues.

Courage! Assez de fébrilité! Je sacrifie les mots, les phrases, les idées!

JE...
garde les lettrines. Découpées, détrônées, elles deviendront un très bel alphabet.


Et puis,
je sauve aussi les planches, gravures sur bois de Constant Le Breton, très jolies elles-aussi.
Et...
Je m'arrête là.

Les Mains Vides de Maurice Genevoix, bois de Constant Le Breton.
Éditions du Livre Moderne, Ferenczi, 1931.

- Monsieur -

vendredi 15 octobre 2010

Trente-six vues de la Tour Eiffel - Thirty-Six Views of the Eiffel Tower

Henri Rivière, peintre et dessinateur très inspiré par l'art japonais, a réalisé Trente-six vues de la Tour Eiffel en 1902.

Ces lithographies, hommages aux Trente-six vues du Mont Fuji de Hokusai, sont les témoins de ce qu'étaient Paris et sa proche banlieue. Maraîchages, maisons basses et petits jardins potagers, péniches et quais de Seine dévolus au travail, grands boulevards, places, squares et toits couverts de cheminées répondent sur chaque planche à la Tour Eiffel, qu'elle soit bien en vue dans le paysage ou très discrète, repère évanescent sur la ligne d'horizon.
Certaines vues fixent le travail des ouvriers lors de la construction de la Dame de fer. La perspective aperçue au travers de ses poutrelles d'acier impressionne et donne le vertige...

Les couleurs restent dans des tons dominés par les gris-bleu, ocre, marron, noir et blanc, mais ces illustrations semblent vibrer sous le ciel de Paris, et la vie y coule comme la Seine sous ses 25 ponts (à l'époque)...

Le fac-similé que les éditions Chronicle Books viennent de publier est un très beau travail d'édition : la qualité de la reliure, le choix de la couverture (les fleurs d'iris sont embossées), du papier, la reprise aussi bien du prologue d'Arsène Alexandre (un texte aussi amusant qu'édifiant sur Henri Rivière et sur la Tour Eiffel comme elle était perçue à l'époque) que du colophon (ou achevé d'imprimer) qui précise le nom de l'imprimeur, du prote, du conducteur et du pressier - Eugène Verneau, Arthur Petit, René Toutain et Charles Vandezande (métiers de l'imprimerie aujourd'hui quasiment disparus), ajoutent au plaisir que l'on a à feuilleter cet ouvrage.
Précisons qu'une traduction anglaise du prologue et du nom des vues a été ajoutée, ce qui rend l'ouvrage accessible aux anglophones.

Un site dédié à Henri Rivière, www.henri-riviere.org, présente l'œuvre de cet artiste talentueux, ainsi qu'une vidéo réalisée à l'occasion d'une exposition sur l'artiste en 2009 à la BnF :

Exposition Henri Rivière
envoyé par BNF.

Pour fêter le centenaire des Trente-six vues de la Tour Eiffel et rendre hommage à Henri Rivière, Christian Desbois avait édité en 2002 un ouvrage éponyme dessiné par Juillard. Ce dernier a multiplié les clins d'œil à son prédécesseur jusqu'à signer chaque dessin de ses initiales dans un petit cartouche rouge !

Petit détail bassement économique : les fêtes de Noël approchent, alors n'hésitez pas à feuilleter ce livre en librairie, et si affinités à vous le procurer : son prix tout petit devrait être à la portée de la plupart des bourses, même en ces temps de crises : 18€ pour un beau livre, ce n'est pas si cher que cela...

- Madame -

Thirty-Six Views of the Eiffel Tower
de Henri Rivière
éditions Chronicle Books 2010

Henri Rivière, entre impressionnisme et japonisme
Sous la direction de Valérie Sueur-Hermel
éditions de la BnF 2009 (épuisé)


Trente-six vues de la Tour Eiffel
de André Juillard
éditions Christian Desbois 2002 (épuisé)

jeudi 14 octobre 2010

Edwarda

Edwarda porte son nom en référence à l'héroïne de Georges Bataille, prostituée déifiée par l'auteur.
Edwarda est une revue de lettrés bon chic et mauvais genre parée de photos de demoiselles dévêtues.
Elle en est à son troisième numéro ; le premier était un peu boiteux dans sa forme, un peu léger dans son papier ; une ébauche de ce qui allait devenir cette élégante revue.

Mais, au milieu de tous ces "livres-magazines" aux frontières de l'art et de la mode comment la distinguer ? Comment la retrouver ?
Deux traits de caractère l'élèvent au dessus des autres : la distinction et le propos.

Edwarda est grande, racée, impeccable (peut-être un peu trop). Elle n'a pas besoin d'en faire des tonnes, d'en rajouter : une photo suffit à habiller son titre.

Mais la beauté des formes n'est rien sans un peu d'ombre, de profondeur...


Edwarda se relève après l'acte animal dans la lumière d'un volet entr'ouvert. Elle sort heureuse et apaisée, traverse un jardin sous le soleil d'un automne parisien.
Et la mélancolie nous gagne...


Bonheur de replonger dans la lecture d'auteurs modernes à l'écriture soignée ! Classiques, classieux, mais loin des réflexions égotiques et autres formules creuses qui terrassent le lecteur, les textes sont d'une grande tenue.
De Simon Liberati qui nous tient en haleine sur deux pages à Jean Paul Civeyrac qui libère des propos terrifiants d'Amour (superbe déclaration de possession), Edwarda a tenu sa promesse en frôlant la lisière de l'ivresse, entre érotisme et décadence.
Merci.

Edwarda 3 septembre 2010, revue dirigée par Sam Guelimi.
Edwarda 4.

- Monsieur -

samedi 9 octobre 2010

Claude Mellan

Le bonheur de l'ignorance réside dans le plaisir de la découverte.
Ainsi, l'apparition du Christ au hasard d'un ouvrage relatif aux spirales et torsades :


Claude Mellan (1598-1688) a gravé la Sainte Face au burin (taille douce) d'un seul trait circulaire en partant du nez.
Le résultat est saisissant tant du point de vue de la maîtrise technique que du sens artistique.

L'alliance de l'Art et du Savoir! comme pour cette représentation de la lune réalisée en taille douce :


Suivant les indications de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc et de Pierre Gassendi, Claude Mellan réalisa cette carte (la première) à l'aide d'une lunette astronomique.

Les images de la lune proviennent du Pays Dignois. Vous pourrez y trouver des informations intéressantes sur Mellan et Fabri de Peiresc, son donneur d'ordres. Certaines interrogations concernant les premières ébauches de ces gravures sont rapportées dans l'article du volume 48 de la revue belge Ciel et Terre sur les cartes lunaires peu connues d' Albert Tiberghien : L'année de réalisation (1636) ne correspondant pas aux dates indiquées sur le bandeau (1634-1635).

Une exposition fut consacrée à Claude Mellan en 1988 à la BnF. Elle se solda, au dire de son organisateur, par un flop total. Le catalogue, épuisé, est encore disponible sur Internet mais "hors catégorie" pour les petits budgets.

L'Oeil d'Or, Claude Mellan, catalogue de Maxime Préaud et de Barbara Brejon de Lavergnée édité par la BnF.

- Monsieur -

jeudi 7 octobre 2010

Manon l'Escroc

À première vue, Manon l'Escroc ressemble à un roman de gare peu sérieux, une parodie cochonne ou un pastiche grivois. Il n'en est rien. Une courte lecture suffit à se faire une idée.
Manon l'Escroc est un recueil de petits procès pittoresques que l'auteur prend plaisir à retracer.

Geo London a eu son heure de gloire dans la première moitié du XXème siècle. Journaliste, chroniqueur judiciaire, il a rencontré Capone (Deux mois avec les Bandits de Chicago) et relaté des procès d'exception (Maurras, Laval, Pétain). Homme d'esprit, ses "croquis" sont vifs et mordants : l'usage de dialogues et l'insertion de remarques moqueuses ou amusées y sont pour beaucoup.

Jugez-en :
Manon l'Escroc est le témoignage d'une époque, un exemple de littérature judiciaire peu consacrée de nos jours, à l'instar des illustrations pourtant souriantes de Georges Pavis.
Quant au fond, je me garderai bien de digresser sur l'âme humaine : "tout change mais rien n'amende" disaient les vieux normands...


Manon l'Escroc de Geo London aux Éditions de France, 1938.

Les oeuvres de Geo London sont toutes épuisées mais en fouinant un peu, on les retrouve facilement.

Pour ceux que la chronique judiciaire intéresserait, voici deux courts dossiers sur le sujet, subjectifs et complémentaires : celui de Pierrette Blanc sur le portail Persée et celui de la revue Droit et Société n°61/2005. Il existe également une association des journalistes de la presse judiciaire fondée en 1887.

- Monsieur -

dimanche 3 octobre 2010

Mosaïque d’images acoustiques de la baie de Douarnenez

Mosaïque d’images acoustiques de la baie de Douarnenez.

Ce titre est d'une grande poésie pour les non-spécialistes. Évocation musicale et maritime, on pense à la peinture. Nous voilà transportés!

Ne nous y trompons pas : cette carte provient de l'Ifremer ; l'Institut Français de la recherche pour l'Exploitation de la Mer. On ne rigole plus, c'est du sérieux. Et mon lyrisme en prend un coup.

Laissons bas!

Curieux, je m'égare... un peu hésitant, je l'avoue. Je m'enfonce dans leur site et découvre des ressources insoupçonnées comme cette vidéo d'Anita Conti qui nous parle des Racleurs d'Océans. Une grande dame à écouter et à revoir.

Mais redressons la barre et reprenons le cap.

Pour les professionnels et les amateurs de sujets pointus donc, la carte présentée ci-dessus est disponible dans l'Atlas thématique de l'environnement marin de la baie de Douarnenez aux éditions Quae.

Études improbables et ouvrages pour spécialistes se taillent une place de choix chez cet éditeur exigeant que je regarde d'un œil tout rond, à la fois étonné et admiratif .

- Monsieur -

Atlas thématique de l'environnement marin de la baie de Douarnenez
en co-édition Quae - Ifremer, coordination éditorial de Claude Augris.