Il est mal vu de dessiner comme un enfant et pourtant, le vrai dessin d'enfant connaît ses amateurs attendris et passionnés. Il a ses défenseurs et ses collectionneurs.
Doit-on parler d'aveuglement?
Nombreux sont les enseignants qui conservent les dessins de leurs petits élèves guidés par l'enthousiasme de leurs premières années professionnelles, par sentimentalisme aussi. Et que dire des parents persuadés du génie de leur progéniture?
Sans être objet de dévotion, le dessin d'enfant est partout. Il s'égare entre les pages d'un livre, il se perd entre deux boîtes d'archives. Il se découvre quand on ne l'attend plus, réapparaît derrière un meuble ou au fond d'une armoire. Il ne se jette qu'avec regret et ne laisse pas indifférent. Il génère l'émotion.
Picasso racontait: " une chose curieuse, c'est que je n'ai jamais fait de dessins d'enfants. Jamais. " et il ajoutait: " il m'a fallu toute une vie pour dessiner comme eux. " Il était fasciné.
Car un dessin d'enfant est un mélange touchant de ratage et d'application, de faiblesse et de force. Il n'y a pas de calculs, pas de cadres; l'imagination est sans borne.
À la base du dessin d'enfant, il y a l'échange, le langage et le lien. La maladresse des débuts cache la volonté, l'acharnement à retranscrire. L'émotion pousse la main. Le cœur et la raison s'animent. On reçoit et on donne. L'enfant s'applique, insiste, il s'invente des chemins, persévère et progresse. Son expression a le trait pour génie. Il suffit pour s'en convaincre de contempler la pureté de ce dessin:
Il n'y a pas de superflu.
-Monsieur-
de Frederico (4 ans)
conception graphique: André Lemos
couverture sérigraphiée par Mike goes West
aux éditions Opuntia books
juin 2006 (imprimé à 75 exemplaires.)
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