Comment aborder ce recueil de nouvelles?
-En marchant! En marchant du bout des pieds. Avec délicatesse. Avec rythme et maintien. L'esprit léger, le nez en l'air. Attention! L'auteur nous prend la main... il nous donne son accord... on embarque avec lui tout en restant à terre.
Cet oiseau-là est un drôle de poète.
Jean-Luc Coudray s'attache au quotidien. Ses chroniques sont claires; tout ce qu'il y a de plus banales et ordinaires. Et pourtant... ancrés dans le quotidien ses textes courts s'en éloignent de manière poétique, assez inattendue.
Jean-Luc Coudray affectionne la logique de l'absurde, le sourire à côté de la figure. Il pose un regard détaché sur les scènes qu'il décrit. Il sait que c'est du théâtre ou du rêve. Rien de grave en tout cas. Ses personnages sont des acteurs; ils jouent... mais pour de vrai! Ce sont des enfants dans une cour de récré et un enfant ne fait pas semblant.
" Même pas cap'! Même pas mal!"
"Pan! T'es mort. "
Fin de l'histoire. Il n'y a plus de jeu.
On passe à autre chose. Il faut serrer les rangs, reprendre le cours normal des heures qui passent et qui s'allongent. Jean-Luc Coudray s'en moque, il s'amuse. Il s'évade, sorte de chroniqueur lunaire. Il est présent mais en absence, ou plutôt en double de lui-même.
Certains s'écoutent parler, lui se (nous) regarde vivre avec un flegme et une sérénité inébranlable. Ses nouvelles sont légères comme le regard rêveur de celui qui s'arrête en pleine course pour regarder les autres.
Le monde autour de lui prend forme; les décors, les objets, la nature, le sensible, l'invisible s'humanisent. C'est comme un sentiment d'Amour mêlé d'adrénaline.
Jean-Luc Coudray s'amuse. Il nous balade, nous prend la main, on s'envole avec lui, on reste au ras du sol, on flotte à quelques centimètres, on plane au fond de nos chaussures. Ce sentiment léger est tellement agréable: ce n'est pas de l'ivresse, c'est un style.
Ce point de vue décalé dans la bascule des mots, ce maniement exquis, c'est une respiration.
-Monsieur-
de Jean-Luc Coudray (Le site est très complet mais peu fantaisiste en comparaison des livres de l'auteur.)
aux éditions de L'Amourier (un extrait du livre est disponible sur leur site)
1997
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