Effrayant.
Trafics de femmes est une enquête qui décrit les arcanes de l'exploitation des femmes et des enfants à des fins sexuelles.
À partir de témoignages qui nous entraînent du Japon au Mexique en passant par la Birmanie et le Moyen-Orient, Lydia Cacho nous dévoile les mécanismes mafieux et les coulisses du commerce sexuel (traite et trafic) devenu avec celui des armes et de la drogue le plus rentable du Monde.
Tous les défauts des sociétés humaines sont surlignés dans ces drames : le sexisme, le racisme, la violence et l'appât du gain...
avec en filigrane, des questions qui se posent sur la place des femmes et des minorités, la Mondialisation et la corruption, la misère (éducative et pécuniaire)...
Un cahier intérieur présente quelques illustrations. Nous oublierons bien vite les légendes des photos tant elles semblent dérisoires et inutiles (malgré toute l'horreur et peut-être à cause de la charge émotionnelle du livre).
Nous nous attarderons par contre sur les cartes détaillant la traite des personnes à travers le Monde (tourisme sexuel, corruption.... ). Leur lecture est éloquente.
En s'appuyant sur un travail de terrain et une profonde connaissance législative et politique, Lydia Cacho cerne le problème de l'exploitation sexuelle sans en éluder la complexité.
Elle souligne l'importance de l'armée et des guerres dans le développement du phénomène, les liens entre les différents trafics : d'armes, de personnes (clandestins, main d'œuvre...), d'organes ; l'impossible combat sans éducation ni égalité entre les sexes, sans résolution de la misère ; l'équilibre difficile à trouver dans la lutte contre l'exploitation des êtres humains tout en respectant les libertés et en évitant les récupérations (religieuses, extrémistes...).
S'opposer à ce monde de violence, de corruption, de déshumanisation, n'est pas sans danger. Lydia Cacho connait les collusions entre certains policiers, mafieux et politiciens. Elle en a payé le prix (au même titre que de nombreux témoins interrogés et défenseurs des libertés, pour certains décédés).
En sus d'une conclusion... pas vraiment optimiste, le livre comporte une terminologie des concepts employés que ce soit la "mafia", le "trafic", l'"esclavage" ou la "traite". Autant de précisions nécessaires pour bien comprendre le sujet et l'aborder sans risquer de mauvaises interprétations.
Lydia Cacho finit par une annexe où elle donne des pistes pour lutter, à notre échelle, contre l'exploitation des personnes, fragiles et fragilisées, notamment des enfants. Et même si certains conseils sont ceux d'une militante, l'implication découle de la prise de conscience.
Il ne nous reste plus qu'à combattre ou à baisser les bras.
En parler est déjà une façon de remonter les manches.
Trafics de femmes de Lydia Cacho
aux éditions du Nouveau Monde, janvier 2011 pour la traduction française.
- Monsieur -
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