mardi 23 novembre 2010

Le Fait du Prince.

Parler de la restitution des manuscrits coréens par l'État français revient à jouer les équilibristes.
Certains louent la victoire de la diplomatie (prêt renouvelable tous les cinq ans), d'autres blâment sa duperie (la BnF abandonne ses manuscrits).
Nous n'avons pas les clefs mais il y a une gêne... (au delà de toute considération morale vis à vis des restitutions-réparations)

Une gêne dans la méthode, la façon de faire d'un président qui use du bien public sans considération des lois (Nicolas Sarkozy n'est malheureusement pas le premier à agir de la sorte),
une gêne dans l'arrogance d'un président pressé qui balaye d'un revers de la main le travail et l'avis des conservateurs, chercheurs et diplomates. Où sont le dialogue et l'écoute, piliers de toute démocratie?

Cette décision autocratique relève sûrement d'un marchandage, d'un choix stratégique détaché de toute considération éthique et patrimoniale.
Elle est le reflet de la mentalité mercantile d'un chef de l'État dans un monde où ce qui ne se monnaie pas n'a pas de valeur.

Elle marque une fois de plus le mépris de Nicolas Sarkozy pour l'écrit (la liste est longue).


Mais foin de nos considérations personnelles et bougonnes, voici le texte de la pétition rédigée par Hubert Galoche (ce texte n'a été ni contredit ni dénoncé) :

En marge du sommet du G20 de Séoul, le Président de la République a annoncé le retour en Corée de 297 manuscrits coréens conservés par la Bibliothèque nationale de France depuis 1867. Il faut rappeler qu’il existe en Corée d’autres copies de la plupart d’entre eux.
- Cette décision a été prise contre l'avis de la Bibliothèque et contre l'avis du Ministère de la culture qui depuis des années ont toujours plaidé pour des solutions avec réciprocité ou contrepartie (échange, prêt croisé ou par rotation, prêt par sous-ensembles...). Ils sont aujourd'hui désavoués.
- Cette décision prive la Bibliothèque nationale de France d'un ensemble remarquable de documents qu'elle s'est attachée à conserver, restaurer, inventorier, pour les mettre à la disposition des chercheurs comme elle le fait pour les très nombreux fonds étrangers qu’elle a collectés depuis le 16ème siècle, témoignant ainsi de sa grande considération pour le patrimoine des cultures étrangères et de son désir de le mettre au service de tous. - Sous un habillage de prêt renouvelable tous les cinq ans, cette décision vaut restitution de fait, en contradiction avec le droit, qui ne permettra au mieux que des retours épisodiques des œuvres en France et ne manquera pas de conforter, voire de susciter, des revendications de restitution que certains pays présentent de façon toujours plus soutenue aux archives musées et bibliothèques partout dans le monde.
- Cette décision manifeste la subordination croissante et préoccupante des politiques patrimoniales et du droit - au risque de remettre en cause l'inaliénabilité des collections publiques - à des considérations politiques, économiques ou géostratégiques.


Pour signer la pétition, rendez-vous ici.

Si vous voulez plus d'informations concernant cette "affaire", Rémi Mathis, archiviste et conservateur des bibliothèques, résume assez bien la situation sur son blog "À la Toison d'Or".

- Madame et Monsieur -

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