mardi 11 décembre 2007

L'édition sans éditeurs

Le monde du livre a longtemps été préservé des outrances de l'économie. Soumis depuis des lustres aux règles d'un marché à part, il ronronnait malgré les mises en garde en provenance des États-Unis: peut-être par orgueil (sûr d'être protégé par son statut culturel), peut-être par manque de volonté et de vision d'avenir. Nul n'est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. En effet, dès 1999, André Schiffrin, éditeur démissionnaire de Pantheon Books aux États-Unis, dénonce dans un livre très bref les problèmes que pose la concentration économique au sein de l'édition. Il renouvelle son essai cinq ans plus tard avec "Le Contrôle de la Parole". Il commence à trouver un écho en France, une oreille attentive et inquiète mais il est trop tard. En dix ans, le monde du livre aura été bouleversé (de l'imprimerie à la librairie en passant par les transporteurs et les éditeurs). Désormais, les gros groupes (amas de superstructures) contrôlent toute la chaîne du livre. Malgré l'apparition de nombreux éditeurs (comme les rejets d'un orme empoisonné par la graphiose), la visibilité n'est pas celle du plus grand nombre, de la "diversité" pour reprendre un terme à la mode. Tout le monde connaît le danger de la parole unique et les conséquences qui en découlent. André Schiffrin continue de batailler (voir l'article en date d'octobre 2007 dans le Monde Diplomatique), ses textes sont devenus des classiques incontournables pour tous ceux qui considèrent que le livre n'est pas un produit. Et la vie continue...

-Monsieur-

D'André Schiffrin
aux éditions de la Fabrique
1999

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