mardi 17 août 2010

Martin le Malin

Cette histoire commença par de bons sentiments... bien sûr, il y avait l'inspiration de départ, indéniable, reconnue par l'auteur...

Joseph Hans Koeleman arriva en 1950 à Amsterdam pour s'inscrire à l'école des Beaux-Arts. Il logeait chez son frère qui avait deux enfants de 6 et 7 ans. Joseph se rendit compte que les BD de ses neveux étaient difficiles à lire pour des enfants de leur âge; ni une ni deux, il décida d'en écrire.

Le dessin est rapide, simplifié, parfois même très léger. Les histoires reprennent des trames de Tintin... des scénarios dans l'air du temps. Cette série pleine de défauts, de naïveté et de rebondissements invraisemblables se laisse tout de même lire de bon cœur.

Malheureusement, les deux premières aventures, publiées à compte d'auteur, ne trouvèrent pas un public suffisant.

Qu'à cela ne tienne, un éditeur s'en empara, publia les albums, usant le filon jusqu'au bout. Il fallait du papier, du feuilleton, agir vite : ni respect des créateurs, ni respect des droits, ni respect des histoires... pour combler le lecteur en attente!

Joseph Hans Koeleman arrêta. Poussé par la demande et devant le succès, l'éditeur dût embaucher un dessinateur, Alexo Overeijnder, qui décalqua des centaines de dessins d'Hergé. Les soucis dépassèrent le succès. Berend Dam prit la relève mais il était trop tard.

Hergé porta plainte pour plagiat et Koeleman pour caviardage (son éditeur n'ayant pas hésité à reprendre des dessins pour de nouveaux tirages) ...

Ce fut la fin.


Toutes ces péripéties sont très bien expliquées sur le site de Martin le Malin qui, comble du luxe, propose les albums de Martin en intégrale et en analyse.

J'avoue que je ne connaissais pas ce petit héros hollandais apparemment très célèbre en dehors des pays francophones (il est parfois bon de gratter ses poches et de devoir courir les brocantes pour assouvir ses besoins de lecture) mais j'ai passé un bon moment à suivre ses aventures rocambolesques et fantastiques, plus fantasques que celles de son modèle.

Martin le Malin Producteur de films
de Koeleman aux éditions du Gai Moulin.

- Monsieur -

jeudi 12 août 2010

Les Braises

Une amitié entre deux hommes qu'on croyait indéfectible a été mise à l'épreuve, et a cédé. Brutalement. Ont suivi quarante et une années et quarante-trois jours avant qu'ils ne se revoient.

L'un de ces deux hommes, Henri, est le fils d'un militaire magyare, lui-même capitaine des armées. Soutenu par une famille de sang bleu, riche, c'est un homme enraciné dans son château hongrois, passionné de chasse et profondément blessé par cette amitié perdue. Il en a fait sa seule raison de vivre, et espère pouvoir se venger.

Conrad, lui, est issu d'une famille pauvre de Galicie. Placé enfant à l'École Militaire de Vienne, il y rencontre Henri, et fait lui aussi carrière dans l'armée malgré un tempérament plus mélancolique et une passion dévorante pour la musique.
Fier et orgueilleux, il ne doit rien à personne. Il s'est fait tout seul, et s'est détruit tout seul.

Leur fin à tous les deux est proche mais, avant de mourir, ils savent qu'une explication est nécessaire, qu'ils ont besoin de se revoir une dernière fois pour vider leur sac, partir l'esprit tranquillisé.
Cette rencontre aura lieu au château d'Henri, remis en ordre, comme au dernier soir passé ensemble, par la précieuse (et très vieille) Nini, soutien maternel du vieux châtelain.

L'ambiance est masculine, sombre comme un sous-bois dense, pleine du faste révolu de la noblesse austro-hongroise. Elle laisse sourdre la douleur du passé, la nostalgie de l'Empire d'Autriche-Hongrie dans une Europe bousculée par les guerres mondiales qu'on aperçoit en filigrane. Elle me fait penser à certains romans de Stefan Zweig, ou encore à Ouest de François Vallejo.

Écrit dans une langue précise et sûre, ce petit roman fait partie des classiques de la littérature des pays d'Europe Centrale, interdit dans son pays jusqu'en 1990. Les descriptions ne représentent qu'une petite partie du texte, plutôt orienté vers les personnages, mais on s'imagine tout à fait les décors de cette histoire.

Le huis-clos entre les deux vieillards n'est pas étouffant, contrairement à d'autres romans construit sur le même principe, les flashbacks laissant le lecteur vagabonder vers d'autres lieux, très éloignés de cette forêt ; c'est un roman prenant, qu'il faut pouvoir lire rapidement pour mieux savourer le mystère de cette longue séparation.

À découvrir d'urgence, avant de se pencher sur les autres textes de Sàndor Màrai. Ce que je m'empresse de faire !

- Madame -

Les Braises
de Sàndor Màrai
éd. Le Livre de Poche
2003

mardi 10 août 2010

Barabbas

Il y a certains livres qu'on hésite à relever.
Barabbas est de ceux-là. Trouvé rue du " somme rare ",
il porte en lui les stigmates de l'indifférence :

Il pue autant qu'un vieux chien incontinent.


"Assez mangé d'herbe et de foin :
Quitte les vieilles choses - et va! ... "
est-il écrit en exergue.

Son état est en adéquation, en harmonie pourrait- on dire,
avec l'histoire qu'il porte en lui : il est le reflet de son âme.

"Mon cher Steinlein, précise l'auteur, il n'y a pas d'erreur :
vous allez dessiner pour Barrabas un chemin de croix [...]


[...] pour faire comprendre au Vilain Homme que notre désir est de l'accompagner fraternellement sur les routes et non pas de l'en balayer."


Citons quelques extraits qui valent bien des images :

- Janvier. Temps mou, ciel humide, pavé gras.
L'Avenue des Ternes à l'heure où les femmes font leurs provisions elles - mêmes, en longs manteaux et voilettes épaisses, cachant le négligé des dessous et la rouille du teint.


- La vermine a du bon : l'homme n'est pas fait pour vivre seul.


- La route offre tout de même plus de distractions qu'autrefois... C'est tantôt un accident d'automobile et tantôt une chute d'aéroplane,... sans compter l'imprévu...


- La majesté des arbres, la seule que je reconnaisse, est inviolable. On peut pisser dessus, on peut les embrener...; un mot exprimera toujours la vénération qu'ils inspirent : l'homme crève, l'arbre meurt.


- Je suis la place publique, salie par les passants, lavée par les pluies, condamnée à tout oublier, et malheureuse comme la prostitution!


Barabbas Paroles dans la Vallée, de Lucien Descaves
Dessins de Steinlein
Eugène Rey, libraire - éditeur, 1914.


L'on pourra retrouver des informations concernant Lucien Descaves sur le site de ses " amis ", l'homme et l'auteur en valent le détour.


Certains de ses romans ont été réédités par la Part Commune ;
il existe aussi un ouvrage consacré à son roman Les Emmurés publié en braille et gros caractères par les Âmes d'Atala!.


Peut-être, un jour, un colporteur d'histoires... Cornélius (leur travail sur le roman U - 713 de Mac Orlan illustré par Gus Bofa est remarquable), Attila (des éditeurs soigneux) ou un autre redonnera une chance à Barabbas...



- Monsieur -

lundi 9 août 2010

Quelques belles images encore...

Le Capitaine Bassinoire
de J. Girardin
avec les gravures (Hilpibrand) dessinées par Tofani
Bibliothèque des Écoles et des Familles
huitième édition, 1914
Librairie Hachette.


- Monsieur -

jeudi 5 août 2010

Les belles images

L'abandon des livres est un grand classique des départs en vacances.
Les plus chanceux sont vendus ou échangés, certains sont récupérés ou recyclés, d'autres finissent sur le trottoir des grandes capitales.
Il n'en faut pas plus pour laisser parler mon cœur et les conduire dans mon refuge au grand dam de ma famille qui se sent à l'étroit... chez nos livres.

" En récompense pour sa bonne conduite et ses progrès "









Prix municipal de la Ville de Paris, 1912
Chez Bon Papa par Jean Français, éditions Larousse
Dessins de Gerlier, par Rougeron-Vignerot.


- Monsieur -