jeudi 13 mai 2010

Livres de Papier

Le collectif Livres de Papier s'est créé en 2009 avec pour objectif de "résister à l'informatisation de l'écrit et du Monde".
Énoncé de cette façon le propos est abrupt. Surprenant.

Combattre la dématérialisation en tant qu'atteinte à la liberté et au lien social, révèle une dimension rarement abordée dans le discours sur la numérisation.
Le Journal des réfractaires à l'Ordre numérique approfondit les craintes et les suspicions que l'on pourrait avoir vis à vis des "nouvelles technologies" ou plutôt de l'usage qui nous en est imposé.

Leur revue est politique, avec des accents syndicaux ; pas vraiment radicale, pas toujours modérée. Elle peut hérisser plus d'un lecteur mais a l'avantage d'aborder le sujet de la numérisation sous un angle plus humain que technologique.
La réflexion est intéressante. Elle place au centre du débat la question de l'individu et la part de l'économie.
Il n'est d'ailleurs pas étonnant que leur combat rejoint en bien des points celui des communautés qui défendent le logiciel libre (curieux paradoxe).

Que l'on soit d'accord ou non avec eux, l'attention que l'on prêtera à leur journal ne sera pas du temps perdu.
La disparition des métiers du Livre est une réelle préoccupation, au delà de leurs transformations ; il s'agit de savoirs, du fondement même de nos sociétés qui se trouvent bousculés.

Sans aborder les aspects politico-économiques de Livres de Papier, j'ajouterai de l'eau au moulin de ses contributeurs en citant une anecdote concernant un prestataire de librairie. Celui-ci fournit des logiciels de gestion aux libraires, disquaires et papetiers. Je ne m'attarderai pas sur les fautes d'orthographe qui parsèment les différents messages de sa base de travail. Je citerai juste les termes utilisés par le technicien.
Là où le libraire parle d'éditeur, le technicien parle de marque. Là où le libraire commande des livres, le technicien commande des codes-à-barres aux fournisseurs. Pour le commercial comme pour l'informaticien, il y a donc un revendeur et un distributeur, entre les deux le livre est devenu un code-à-barres ; l'éditeur, une donnée insignifiante. Le décalage de perception et de concept est réel, même s'il peut se comprendre d'un point de vue professionnel ; le malaise est palpable...

Concernant la méfiance justifiée vis à vis des liseuses (pérennité du support, contrôle des lectures...), j'entamerai plutôt le chant des partisans en arguant que le cinéma n'a pas tué le théâtre, ni la photo la peinture. Et Internet ne tuera la télé que parce que l'usage et le contrôle de celle-ci en rendent le contenu affligeant.
Pour exemple de perspectives fabuleuses que les nouveaux supports offrent aux créateurs, je vous inviterais à regarder cette démo de Toy Story sur l'iPad (Aldus). Épatant ! Toute la gamme des produits dérivés Disney-Hachette déclinée sur un même support ! Les potentialités sont bluffantes. Au diable le marketing !
J'en veux pour preuve le dossier de Tony sur Du9 concernant les perspectives et possibilités de création grâce au numérique. L'article est, comme toujours sur ce site, fouillé et bien construit.

Notons aussi la position des auteurs par rapport au Livre numérique. Leur regroupement est une bonne chose dans un milieu où le cas par cas et la loi du silence sont monnaie courante.

- Monsieur -

Livres de Papier, journal des réfractaires à l'ordre numérique (à lire pour rester vigilant mais sans diaboliser).
Gratuit et disponible (entre autres) à la librairie Le Flâneur des 2 Rives au 60 rue Monsieur Le Prince dans le 6e arrondissement de Paris.

Collectif Livres de Papier, c/o Offensive, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris.
Par correspondance, merci de les contacter à l'adresse livresdepapier@gmx.fr

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