mercredi 27 janvier 2010

Gyahtei

Quelques mots pour présenter cette monographie : un coffret cartonné dans lequel est glissé un ouvrage. Une blancheur
immaculée ; un choix de papiers épais, "vivants" (je n'ai malheureusement pas la connaissance pour en donner les caractéristiques techniques), choix pensé en fonction de la lecture, du rapport au lecteur, de l'objet-livre. Une façon toute japonaise de concevoir un livre.

Yamanaka et son éditeur ont su trouver une harmonie : l'équilibre de la respiration.
Un regard épuré. Un noir et blanc où le noir est a minima : un trait, un contraste, une profondeur. Le sujet, dans sa terrible nudité, est sublimé par le vide, l'absence qui l'entoure, la blancheur virginale de la page.

Gyahtei signifie "grand âge" ; c'est le nom donné au livre mais aussi le titre de l'une des six séries de photos qui nous sont présentées. Florilège de 20 années de travail.
Yamanaka est un photographe japonais né en 1959. Son regard est une main tendue, une attention vers ses modèles (on imagine ce que pourrait faire François-Marie Banier avec un peu de grâce et d'humanité).
L'œuvre de Yamanaka est imprégnée de bouddhisme. Il n'est pas nécessaire de le savoir ni d'en connaître les grandes lignes (réincarnation ; rapport à la vie, à la mort ; acceptation de son
état... ) pour recevoir ses photos mais cela les enrichit d'une lecture supplémentaire, d'une approche différente. Les thèmes restent cependant universels : la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort... le temps.

Le choix des sujets (embryons ; femmes âgées dénudées ; vagabonds... des déclassés, des bords-cadres), malgré la pureté des photos et la délicatesse du photographe, réserve l'ouvrage à des cœurs bien trempés : il peut être douloureux ; pas provocant, douloureux.

- Monsieur -

Gyahtei de Manabu YAMANAKA
aux éditions Pot Publishing. Septembre 2009.
Textes en anglais et en japonais. Sens de lecture occidental.
Les photos sont visibles sur le site de l'éditeur mais celui-ci ne traduit pas la profonde émotion dégagée par le livre.

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